USA: les parents de la « maison de l’horreur » avouent les tortures sur leurs enfants

Séquestrés, maltraités, affamés et enchaînés à leur lit à la moindre désobéissance: les parents de la "maison de l’horreur" ont reconnu vendredi devant un tribunal californien avoir infligé durant des années des actes de torture à douze de leurs treize enfants, des faits pour lesquels ils risquent la prison à vie.

Au total, David Turpin, 57 ans, et son épouse Louise, 50 ans, doivent répondre au total de près d’une centaine d’actes criminels.

"C’est l’un des pires cas de maltraitance sur des enfants que j’ai vus dans ma carrière", a lancé lors d’une conférence de presse le procureur du comté de Riverside, en Californie, Michael Hestrin.

Le couple Turpin a plaidé "coupable" vendredi de 14 chefs d’accusation commis depuis l’arrivée de la famille en Californie en 2010, parmi lesquels torture, violences sur un adulte vulnérable, mise en danger d’enfants et séquestration. Selon les enquêteurs, ces maltraitances avaient commencé bien avant, lorsqu’ils vivaient encore près de Fort Worth, au Texas.

Les parents bourreaux risquent la prison à perpétuité, avec une peine de sûreté d’au moins 25 ans. Ils seront fixés sur leur sort lors d’une audience devant un juge de Riverside, prévue le 19 avril.

Cette procédure de plaider coupable évitera aux enfants Turpin, âgés aujourd’hui de 3 à 30 ans, d’avoir à témoigner lors d’un procès, a relevé le procureur Hestrin, soulignant qu’ils étaient tous soulagés d’échapper à une confrontation pénible avec leurs tortionnaires.

"Nous avons décidé que les victimes avaient subi suffisamment de tortures et de mauvais traitements", a-t-il lancé.

C’est l’une des filles, âgée de 17 ans à l’époque, qui avait donné l’alerte en janvier 2018 après avoir trompé la surveillance de ses geôliers en fuyant par une fenêtre de leur maison de Perris, une petite ville située à une centaine de kilomètres à l’est de Los Angeles.

"soif de vivre"

L’adolescente avait alors pu appeler les secours, expliquant à l’opérateur que ses deux soeurs cadettes étaient "enchaînées à leur lit", si étroitement que leurs corps étaient marqués par les contusions, d’après les témoignages.

"Ils nous enchaînent si on fait des choses qu’on n’est pas censés faire (…) Parfois mes soeurs se réveillent et commencent à pleurer" à cause de la douleur, avait ajouté la jeune fille dans un enregistrement diffusé durant une audience.

L’adolescente avait planifié son évasion deux ans durant, parvenant notamment à s’emparer d’un vieux téléphone portable pour prendre des photos de ses deux soeurs enchaînées, afin de servir de preuve.

A leur arrivée dans ce que les médias américains ont surnommé "la maison de l’horreur", les policiers avaient effectivement retrouvé certains des enfants Turpin enchaînés à leur lit. Tous, sauf la plus jeune, étaient dans des conditions d’extrême saleté et de malnutrition sévère.

De l’extérieur, l’habitation présentait l’apparence paisible d’une maison typique des banlieues californiennes. Les parents avaient déclaré pratiquer l’enseignement à domicile, une pratique courante aux Etats-Unis, et enregistré leur maison comme établissement scolaire.

Mais l’intérieur du domicile était sordide et l’air irrespirable, lourd de relents de crasse et d’excréments. Selon les enquêteurs, les enfants punis restaient attachés même s’ils avaient besoin de se rendre aux toilettes…

Ils n’avaient droit qu’à un bain par an, et "si les enfants étaient vus se lavant les mains plus haut que les poignets, ils étaient accusés de jouer avec l’eau et enchaînés", avait précisé le procureur à l’époque de cette découverte qui avait glacé d’effroi l’Amérique.

Lorsqu’elles n’étaient pas enchaînées, les victimes étaient entravées dans différentes chambres et n’étaient pas autorisées à jouer.

Les enfants, dont plusieurs souffrent de lésions et déficiences liées aux privations, étaient censés dormir 20 heures par jour selon le programme de leurs parents, qui les réveillaient tout de même au beau milieu de la nuit pour leur "repas": des sandwichs au beurre de cacahuètes, des chips et des burritos.

Les enfants ont été confiés aux services sociaux du comté de Riverside. "Ils sont pleins de vie et ont un grand sourire", a assuré le procureur Michael Hestrin, touché par leur "optimisme" et leur "soif de vivre".

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