USA: au premier débat des primaires républicaines, Trump reste Trump

Excessif, comique, provocateur: Donald Trump, le milliardaire américain en tête de la course des primaires républicaines a donné le pire et le meilleur de lui-même jeudi au premier débat de la saison électorale, ses adversaires peinant à imposer le sérieux.

Au centre de la scène dans l’arène de basket de Cleveland, entouré de neuf rivaux loin derrière lui dans les sondages, le magnat de l’immobilier a donné le ton en expliquant ne pas exclure de se présenter à la présidentielle de novembre 2016 en indépendant s’il perdait les primaires –une option qui bénéficierait à coup sûr au candidat ou à la candidate démocrate.

"Je ne ferai pas cette promesse à ce stade", a-t-il dit, déclenchant la fureur d’un rival et les huées des militants assistant au débat.

Mais l’homme d’affaires a fait rire, voire rire jaune, en rappelant qu’il avait autrefois "donné beaucoup d’argent à la plupart des gens sur cette scène", pour acheter leurs faveurs. Même à Hillary Clinton. Pourquoi? lui ont demandé les journalistes de Fox News, qui organisait le débat.

"Je lui ai dit de venir à mon mariage, et elle est venue à mon mariage. Elle n’avait pas le choix", a répondu avec gourmandise le sexagénaire.

Le magnat de l’immobilier a pris la tête de la course depuis son entrée fracassante en campagne en juin. Sa popularité l’a exposé aux critiques, ses concurrents l’accusant d’avoir été démocrate et d’avoir retourné sa veste au cours des années, sur des sujets comme l’avortement, l’immigration et l’assurance-maladie, qu’il voulait autrefois nationaliser.

"Puisqu’il a changé d’avis sur les amnisties (de migrants clandestins, ndlr.), sur la santé et sur l’avortement, je voudrais savoir sur quels principes il va gouverner", a dit Carly Fiorina, ex-patronne de Hewlett-Packard, qui s’est fait remarquer lors d’un premier débat réunissant les sept candidats les moins bien placés dans les sondages.

Avec sa nonchalance et sa moue habituelles, "The Donald" a éludé les questions les plus pointues, hésitant à voix haute à qualifier d’"incompétent" Barack Obama, et poussant l’assurance jusqu’à plaindre l’un de ses contradicteurs: "ça a l’air difficile pour vous ce soir".

Mais il s’est plaint, après le débat, de questions "injustes" de la part de la journaliste de Fox News Megyn Kelly, qui lui a rappelé les insultes sexistes proférées contre la comédienne Rosie O’Donnell. "Les questions n’étaient pas gentilles", a-t-il dit.

– Immigration clandestine –

Les 17 candidats républicains ont fait preuve d’une remarquable unité idéologique, tous dénonçant l’ère "Obama-Clinton" et s’engageant à revenir sur de nombreuses décisions de l’ère Obama, sur l’Iran, la santé, l’environnement ou l’avortement.

Mais le sujet brûlant de l’immigration, et du sort des 11 millions de sans-papiers vivant aux Etats-Unis, a semblé ouvrir un front entre les candidats.

Jeb Bush, fils et frère des anciens présidents Bush, a proposé une régularisation progressive en échange d’une amende et d’autres conditions –anathème pour de nombreux conservateurs.

"J’estime que la grande majorité des gens qui viennent ici illégalement n’ont pas d’autre option. Ils veulent aider leurs familles", a-t-il dit.

Un échange tendu sur les programmes de surveillance américains a illustré le fossé qui sépare l’aile libertaire du parti des républicains traditionnels, proches de la communauté du renseignement.

– Hillary Clinton, cible commune –

L’establishment du parti avait prédit que Donald Trump ne serait qu’un feu de paille, mais le caractère excessif de ses propos sur ses rivaux ou l’immigration ne semble qu’avoir dopé sa candidature.

C’est lui qui a obtenu le plus de temps de parole jeudi, avec plus de 11 minutes sur les deux heures de débat, selon le New York Times.

Les 16 candidats et la seule candidate, Carly Fiorina, ont chacun tâché de se présenter comme les seuls capables de battre la favorite des démocrates, Hillary Clinton, dans les urnes en novembre 2016. Jeb Bush, héritier de la dynastie politique des Bush, a répété son expression, "moi c’est moi", et défendu son bilan d’ancien gouverneur de Floride.

Hillary Clinton "représente un troisième mandat d’une présidence ratée", a insisté le sénateur Lindsey Graham lors du premier débat.

L’intéressée, pendant le débat, a envoyé un message à ses supporters. "A cet instant, dix hommes républicains se disputent à la télévision pour savoir qui sera le meilleur pour ramener notre pays en arrière. Je ne regarde pas, et je n’en ai pas besoin".

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