USA : Vote au Sénat sur l’aide militaire à la coalition saoudienne au Yémen

Le Sénat américain votera mardi sur une tentative de mettre fin à l’assistance militaire à la coalition menée par l’Arabie saoudite dans la guerre contre les rebelles Houthis au Yémen, alors que le prince héritier saoudien rencontre Donald Trump à la Maison Blanche.

Le débat a été réclamé par trois sénateurs des deux bords, unis pour l’occasion: l’indépendant apparenté démocrate Bernie Sanders, le démocrate Chris Murphy et le républicain ultra-conservateur Mike Lee. Selon ce dernier, la coïncidence du vote et de la visite de Mohammed ben Salmane à Washington est un hasard. Mais de nombreux sénateurs, de la majorité et de l’opposition, sont opposés et devraient s’unir pour torpiller l’initiative.

Les Etats-Unis fournissent depuis 2015, sous la présidence de Barack Obama, des renseignements, de l’aide au ciblage, du ravitaillement en vol et du soutien logistique à la coalition, mais ces sénateurs estiment que cet engagement militaire est illégal, n’ayant pas été autorisé par le Congrès.

D’après la Constitution américaine, le Congrès déclare la guerre. Mais en pratique, les présidents américains ordonnent régulièrement des opérations militaires sans autorisation parlementaire.

"Si le Congrès veut faire la guerre au Yémen ou ailleurs, qu’on vote pour déclarer la guerre", a plaidé Bernie Sanders, ancien candidat démocrate-socialiste à la Maison Blanche. "Arrêtons d’abdiquer cette responsabilité en faveur du président, qu’il soit républicain ou démocrate".

C’est la première fois que le Sénat votera pour tenter de forcer le retrait de forces américaines d’hostilités "non autorisées", selon les initiateurs du texte. Mais le chef de la majorité républicaine, Mitch McConnell, est vigoureusement opposé, tout comme le président républicain de la commission des Affaires étrangères, Bob Corker, et son homologue démocrate Bob Menendez, qui devraient entraîner nombre d’élus dans leur opposition.

Le leader républicain a contesté le fond et la forme de la procédure. Il estime que l’engagement américain est indispensable à l’endiguement de l’Iran, accusé de soutenir les rebelles Houthis, dans la région.

Et il conteste l’idée que les Etats-Unis soient engagés dans des "hostilités", puisque les Américains ne sont pas sur le champ de bataille, leur apport principal étant le ravitaillement en vol d’avions de la coalition et le renseignement pour le ciblage des bombardements.

"Dites cela aux Yéménites, dont les maisons et les vies ont été détruites par des bombes +made in USA+ lâchées par des avions ravitaillés en vol par l’armée de l’air américaine sur des cibles choisies avec l’assistance des Etats-Unis", a répliqué Bernie Sanders, égrenant les terribles statistiques des morts de la guerre, près de 10.000 à ce jour.

De l’autre côté de l’échiquier politique, le conservateur Mike Lee a défendu la résolution au nom d’une interprétation stricte de la Constitution.

"L’administration actuelle a poursuivi la guerre d’Obama", a-t-il dit. "Nous donnons au Congrès une chance de corriger cette erreur".

Il a précisé que le texte contenait une exception permettant aux soldats américains de continuer leurs opérations contre l’organisation Etat islamique sur le territoire du Yémen.

Un vote aura lieu vers 16H15 (20H15 GMT) sur la résolution. En cas d’adoption hypothétique par le Sénat, elle devrait encore passer à la Chambre des représentants.

Entre temps, Donald Trump aura reçu le prince héritier saoudien à la Maison Blanche à l’heure du déjeuner.

De nombreux élus américains, démocrates et républicains, contestent par ailleurs l’engagement militaire américain en Syrie et dans d’autres parties du monde, estimant que les autorisations de recours à la force adoptées après les attentats du 11-Septembre contre Al-Qaïda et l’Irak en 2001 et 2002 ne devaient plus s’appliquer.

Avec afp

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