UE : deux femmes pour sortir de l’impasse des nominations

Après des heures de blocage, une solution se dessinait mardi sur les nominations au sommet de Bruxelles, qui verrait deux femmes à des postes clés : une ministre allemande, Ursula von der Leyen, à la Commission européenne, et Christine Lagarde à la Banque centrale européenne.

Selon plusieurs sources, le nom de l’actuelle ministre allemande de la Défense, qui a occupé plusieurs ministères dans des gouvernements de droite, a été proposé par le président Emmanuel Macron.

Sa candidature a reçu dans l’après-midi le soutien des quatre pays de Visegrad (Hongrie, Slovaquie, République tchèque, Pologne) dans un tweet du porte-parole du gouvernement hongrois Zoltan Kovacs.

Selon une source européenne, cette solution permettrait d’ouvrir la voie à une Française, Christine Lagarde, pour prendre la tête de la Banque centrale européenne (BCE).

La chancelière allemande Angela Merkel "n’est pas contre" la candidature de l’actuelle directrice générale du Fonds monétaire internationale (FMI), a assuré cette même source.

Cette proposition est susceptible de mettre un terme aux profondes divisions entre les dirigeants européens sur la nouvelle équipe amenée à diriger l’UE.

Le ticket von der Leyen/Lagarde permettrait à la France et à l’Allemagne d’obtenir chacune un poste européen d’envergure, et à la droite européenne de conserver la tête de la Commission. En outre, il respecterait la parité souhaitée par des leaders européens pour les postes de pouvoir.

L’actuel Premier ministre libéral belge Charles Michel pourrait lui hériter de la présidence du Conseil européen, selon des sources européennes, tandis que le poste de Haut représentant pour les Affaires étrangères serait confié au Slovaque Maros Sefcovic, un indépendant soutenu par les sociaux-démocrates, ou au ministre socialiste espagnol Josep Borrell.

Les noms de deux socialistes, l’Espagnole Iratxe Garcia ou le Bulgare Sergueï Stanichev, circulent pour la présidence du Parlement européen, dont le vote est prévu mercredi.

Impopulaire

Médecin de formation, mère de sept enfants, Ursula von der Leyen avait un temps été pressentie pour succéder à Mme Merkel.

A 60 ans, cette native de Bruxelles, polyglotte – elle parle couramment français et anglais – est cependant impopulaire en Allemagne, en raison d’un bilan controversé au ministère de la Défense.

Après une nuit de marchandages stériles entre dimanche et lundi, les 28 se sont promis de tomber d’accord pour éviter de prêter le flanc aux attaques des populistes en offrant l’image d’une Europe divisée.

Dans la matinée de mardi, un compromis soutenu par l’Allemagne, la France, l’Espagne et les Pays-Bas, pourtant en passe de faire consensus ce week-end, semble avoir été définitivement enterré, selon plusieurs sources proches des discussions.

Il s’agissait de nommer le social-démocrate néerlandais Frans Timmermans à la Commission, l’Allemand Manfred Weber, chef de file du PPE (droite) au Parlement, et un couple PPE-libéral pour le Conseil et le Haut représentant.

"Inacceptable"

Mais les quatre pays du "groupe de Visegrad" se sont frontalement opposés au Néerlandais, responsable, en tant que premier vice-président de la Commission, de procédures de sanctions contre la Pologne et la Hongrie pour des accusations de violations de l’Etat de droit.

"Il n’aime pas nos régions", a lancé à son arrivée le président tchèque Andrej Babis, jugeant "inacceptable" cette nomination.

D’autres pays – Irlande, Lettonie, Croatie, selon une source européenne – ont rejeté cette combinaison conclue sans eux, signe que ces arrangements entre amis, fût-ce par le couple franco-allemand, ne suffisent plus pour emporter l’adhésion.

"Tout le monde doit comprendre qu’il faut bouger un peu. Et je dis bien tout le monde", a déclaré Angela Merkel mardi.

Le sommet avait été interrompu lundi à la mi-journée, avec un nouveau rendez-vous le lendemain matin, rare décision qui a contraint 28 chefs d’Etat et de gouvernement à chambouler leur agenda.

Le président français Emmanuel Macron s’était emporté lundi contre cet "échec", qui donne "une très mauvaise image de l’Europe, une image pas sérieuse".

Le renouvellement de ces postes est rendu complexe par le morcellement du paysage politique européen. Les élections de mai ont vu le tandem PPE et social-démocrate perdre le contrôle de la majorité qu’il détenait au Parlement européen.

La situation n’est pas pire qu’en 2014, où il avait fallu trois sommets pour attribuer la présidence de la Commission à Jean-Claude Juncker (PPE), qui quittera son poste le 31 octobre.

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