Tunisie: manifestation en faveur des libertés civiles en marge de la Constituante

Tunisie: manifestation en faveur des libertés civiles en marge de la Constituante
Un millier de personnes, dont des militants associatifs, se sont rassemblés mardi devant le palais du Bardo, près de Tunis, pour revendiquer des garanties sur les libertés civiles, alors que l’Assemblée constituante tenait au même moment sa réunion inaugurale un mois après les premières élections libres en Tunisie.

Parmi les ONG présentes, on notait l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH) et l’Association sur la laïcité. "On vous a à l’oeil", avertissait une pancarte. "Pas touche à mes libertés", lançait une autre.

"Nous sommes venues pour revendiquer l’inscription des droits de la femme et les droits universels dans la future Constitution. On ne veut pas que la société tunisienne régresse. Nous faisons cela pour nos enfants", a plaidé Amel Abdennebi, cadre dans une entreprise de télécoms.

A son arrivée, Souad Abderrahim, une élue du mouvement islamiste Ennahdha, a été malmenée par des manifestantes, notamment de l’Association des femmes démocrates (ATFD), aux cris de "Dégage!". Il a fallu l’intervention des forces de l’ordre pour qu’elle atteigne l’entrée de l’enceinte parlementaire sans dégâts. Cette élue a récemment critiqué les mères célibataires en les traitant d’"infâmes".

Nombre d’autres manifestants affichaient leur opposition au "califat", un système de gouvernance basée sur la charia (loi islamique, NDLR), évoqué récemment par le No2 d’Ennahdha, Hammadi Jebali, pressenti pour être le prochain Premier ministre. "Nous voulons une nouvelle Constitution, pas une nouvelle dictature", a-t-on entendu dans la foule.

Un peu plus loin, des militants d’Amnesty International brandissaient des pancartes appelant à l’abolition de la peine de mort et au respect de la liberté de la justice. Le cortège comprenait aussi des familles des victimes tombées ou blessées lors du soulèvement populaire qui a entraîné la chute du régime Ben Ali à la mi-janvier, réclamant justice pour leurs proches.

Une caricature géante de l’émir du Qatar, Hamad ben Khalifa al-Thani, était également visible. Des informations ayant circulé dans les médias à la suite d’une visite à Doha du chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, faisant état d’une invitation adressée à l’émir pour assister à la séance solennelle de la Constituante ont soulevé des réactions hostiles.

"Non à l’ingérence étrangère dans les affaires de la Tunisie", pouvait-on lire sur une banderole. Une équipe de la chaîne Al-Jazira a été prise à partie par des manifestants qui les ont qualifiés de "mercenaires" et "valets".

Figure marquante de la scène politique depuis les années 1960, Ahmed ben Salah, a lui aussi mis en garde contre "les convoitises étrangères". "Il faut être vigilant contre les risques de tutelle étrangère qui menacent en fait toute la région", a-t-il déclaré à la presse. Selon lui, "les interférences étrangères existent bel et bien". Après avoir rappelé l’attitude de l’ex-ministre française des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie qui avait offert d’aider le régime Ben Ali dans ses derniers jours, il a estimé que "la plus grande menace pour la Tunisie pourrait provenir de la Libye" voisine.

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