Tunisie : le gouvernement adopte un projet de loi d’amnistie générale

Le gouvernement tunisien d’union nationale a décidé de reconnaître l’ensemble des mouvements politiques interdits et de décréter une amnistie pour tous les prisonniers politiques. Voilà les mesures prises par le premier conseil des ministres du nouveau cabinet, affaibli par des démissions de ministres et la fronde de la rue.

Tunisie : le gouvernement adopte un projet de loi d
Ce projet de loi d’amnistie générale concernera aussi les islamistes du parti interdit Ennahdha. Le premier ministre, Mohammed Ghannouchi, avait déjà annoncé, lundi, entre autres mesures de démocratisation, que tous les partis politiques qui le demanderont seront légalisés. Interdit sous le régime du président déchu Zine El-Abidine Ben Ali, le parti avait annoncé mardi qu’il allait demander sa légalisation.

Fondé en 1981 par des intellectuels inspirés par les Frères musulmans égyptiens, Ennahdha (Renaissance) a été d’abord toléré, y compris par le régime du président Ben Ali, arrivé au pouvoir en 1987. Mais après les élections de 1989, auxquelles les islamistes s’étaient présentés sous une liste "indépendante" et avaient enregistré un score de 17 %, ses militants ont été pourchassés et emprisonnés.

DEUIL DE TROIS JOURS

Le gouvernement a par ailleurs décrété un deuil national de trois jours, à partir de vendredi, "en mémoire des victimes des récents événements", a annoncé le porte-parole du gouvernement, Taieb Baccouche. Plus de cent personnes ont été tuées lors des violences en Tunisie au cours des cinq dernières semaines, selon des informations compilées par l’ONU sur place.

A l’issue de ce deuil, "la semaine prochaine", les cours reprendront dans les écoles et les universités, a ajouté le porte-parole. Le gouvernement du président déchu Zine El-Abidine Ben Ali avait ordonné la fermeture "jusqu’à nouvel ordre" des écoles et universités dans tout le pays le 10 janvier, en pleine révolte populaire contre son régime.

Le conseil des ministres devait aussi aborder la question de la séparation de l’Etat et du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le tout-puissant parti qui contrôle tous les rouages du pouvoir.

Foued Mebazaa s’est engagé, mercredi, à "une rupture totale avec le passé", et tous les ministres du gouvernement membres du RCD ont quitté cette formation. Le RCD a également annoncé la dissolution de son instance suprême, le bureau politique, en raison de la démission de plusieurs de ses membres. Mais pour l’heure, ces gestes n’ont pas suffi à calmer les manifestants, qui demandent toujours la démission du gouvernement.

DÉMISSION DE CINQ MINISTRES

Tous les membres du gouvernement étaient présents à ce premier conseil, hormis les cinq qui ont démissionné entre mardi et jeudi : trois syndicalistes, un dirigeant de l’opposition et un ministre de l’ancien régime.

Ce gouvernement est chargé de préparer dans un délai de six mois des élections présidentielle et législatives "libres et démocratiques", après la chute du régime autoritaire du président déchu Zine El-Abidine Ben Ali. Ce dernier a fui le pays vendredi 14 janvier pour se réfugier en Arabie saoudite, à la suite d’un mois de révolte populaire sans précédent, au cours de laquelle une centaine de personnes ont été tuées.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite