Tunisie : incertitude sur le sort des Trabelsi après la mise à sac de leurs résidences (Le Monde)

En milieu d’après-midi, à Gammarth, banlieue résidentielle chic du nord de Tunis, plusieurs centaines d’émeutiers s’en sont pris aux domiciles de la famille Trabelsi, du nom de Leïla Trabelsi, le femme du chef de l’Etat tunisien.

Armés d’une liste de noms, ces émeutiers, âgés de 16 à 17 ans, ont fait le tour des résidences de cette banlieue proche du palais de Carthage, et attaqué systématiquement les maisons qui appartiennent à la famille Trabelsi, délaissant les autres, y compris de plus luxueuses.

"UNE MISE A SAC ORGANISÉE"

"C’est une mise à sac organisée. Les insurgés font sortir les habitants des maisons, sortent la Mercedes du garage, pillent, saccagent, puis mettent le feu, témoigne un journaliste tunisien qui préfère garder l’anonymat. Deux paniers à salade emplis de policiers sont passés, sans intervenir. Je n’ai jamais vu de telles scènes," a confié au Monde.fr un journaliste tunisien, sous couvert d’anonymat.

A chaque fois, il s’agissait de propriétés de neveux de la présidente Leïla Trabelsi, haïe en Tunisie, car son nom symbolise l’accaparement des richesses du pays et la corruption. A 16 h 15, après avoir saccagé une quatrième maison, les jeunes émeutiers s’en sont allés. Un ex-ministre, le général Bouazizi, a fait les frais de cette vindicte : sa maison a été saccagée et pillée par erreur, les émeutiers croyant qu’il s’agissait d’une demeure des Trabelsi.

Selon ce journaliste tunisien témoin de la scène, les biens emportés par ces jeunes n’avaient pas de valeur. "Ils emportaient des bouteilles de gaz, des téléviseurs, des magnétoscopes… A croire que les Trabelsi avaient été prévenus de ce qui allait leur arriver et qu’ils avaient mis à l’abri leurs affaires les plus précieuses", dit-il.

Les rumeurs faisant état du départ de la famille Trabelsi pour Dubaï notamment se font de plus en plus insistantes à Tunis et plus encore sur Internet. On sait seulement que deux avions Falcone blancs ont quitté l’aéroport de Tunis-Carthage en tout début d’apres-midi.

Par ailleurs, à 16 h 50, un important convoi de voitures officielles aux vitres teintées a quitté le Palais de Carthage en direction de l’aéroport, sans qu’on sache qui se trouvait à son bord. A 17 h 30, l’armée tunisienne a pris le contrôle de l’aéroport et l’espace aérien a été fermé.

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