Tunisie: HRW déplore la condamnation d’un député critiquant l’armée

L’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW) a regretté mardi la condamnation par un tribunal militaire de Yassine Ayari, un blogueur tunisien élu député, poursuivi pour avoir critiqué l’armée sur Facebook.

"Des poursuites lancées sans relâche à l’encontre d’une personne qui critique pacifiquement l’armée et le président – et devant un tribunal militaire, en plus -, nous voilà à l’opposé de ce que devrait être une transition démocratique", a déclaré Amna Guellali, directrice du bureau Tunisie à HRW.

Le 26 juin, un tribunal militaire a condamné M. Ayari à trois mois de prison pour outrage à l’armée pour un statut Facebook critiquant le président de la République Béji Caïd Essebsi et la hiérarchie militaire, qu’il conteste avoir publié.

M. Ayari, 36 ans, a "déjà été poursuivi plusieurs fois par la justice militaire pour ses publications sur Facebook se moquant de hauts gradés", souligne HRW dans un communiqué, estimant que "la Tunisie devrait cesser de juger les civils devant les tribunaux militaires".

"La résolution sur le droit à un procès équitable (…) en Afrique note ainsi que +[les] tribunaux militaires ont pour objectif de connaître des infractions de nature purement militaire commises par le personnel militaire+", a rappelé HRW.

Elu député fin 2017, Yassine Ayari avait déjà été condamné le 27 mars par un tribunal militaire à 16 jours de prison pour avoir critiqué le ministre de la Défense sur son blog, a indiqué son avocat, Malek ben Amor. Il n’a pas encore purgé cette peine.

En 2015, M. Ayari avait passé plus de quatre mois en prison après qu’un tribunal militaire l’avait condamné en appel à six mois pour avoir notamment diffamé des officiers et cadres du ministère de la Défense et accusé des responsables d’infractions financières et administratives sans présenter de preuves, selon ses avocats.

Fils d’un colonel de l’armée tué en mai 2011 dans des affrontements avec un groupe jihadiste, M. Ayari était un militant sous le régime déchu du dictateur Zine El Abidine Ben Ali et a continué à être actif après la révolution.

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