Tuerie en Californie: l’hypothèse terroriste privilégiée

Les enquêteurs américains privilégient l’hypothèse d’un « acte terroriste » pour la tuerie de San Bernardino commise par un couple d’origine pakistanaise, la plus meurtrière depuis trois ans aux Etats-Unis avec 14 morts.

"L’enquête a dévoilé des signes de radicalisation de la part des tueurs et l’inspiration potentielle par des organisations terroristes étrangères", a déclaré lors d’une conférence de presse le directeur du FBI James Comey.

Il a cependant souligné que "rien n’indique que ces tueurs aient fait partie d’un large groupe organisé ou d’une cellule".

"Nous enquêtons désormais sur ces faits horribles dans l’hypothèse d’un acte terroriste. Nous avons des preuves montrant qu'(ils) avaient fait l’objet d’une minutieuse préparation", a renchéri David Bowdich, un responsable de l’antenne du FBI à Los Angeles.

Il a énuméré les preuves accumulées sur le couple de tueurs, Syed Farook et Tashfeen Malik: un arsenal de milliers de munitions, des explosifs, des téléphones portables, des ordinateurs, des conversations avec des extrémistes "aux Etats-Unis", peut-être à l’étranger.

Il a aussi reconnu que les autorités étudiaient une page du réseau social Facebook sur laquelle Malik, 29 ans, aurait apparemment fait acte d’allégeance à l’organisation jihadiste Etat islamique (EI).

Si la piste terroriste était confirmée, ce serait l’attentat le plus meurtrier aux Etats-Unis depuis le 11 septembre 2001.

Le couple, parents d’une fillette de six mois, avait planifié le massacre commis mercredi lors d’un déjeuner de Noël pour employés des services de santé locaux, où travaillait Farook, qui était âgé de 28 ans.

Ils avaient loué il y a quelques jours le 4×4 noir dans lequel ils ont tenté d’échapper aux forces de l’ordre avant d’être abattus après avoir échangé plus de 100 coups de feu avec la police.

Ils avaient tenté de détruire des preuves de leur affiliation islamiste en jetant dans une poubelle deux téléphones portables, préalablement écrasés, et retrouvés par les autorités.

Face à la possibilité qu’ils aient agi seuls après s’être inspirés de groupes terroristes, le porte-parole de la Maison Blanche Josh Earnest a admis vendredi qu’il était "très difficile d’empêcher l’action de loups solitaires".

Vu l’arsenal retrouvé chez eux, les autorités n’excluent pas non plus que le couple ait préparé une autre attaque.

Les avocats de la famille de Syed Farook, Mohammad Abuershaid et David Chesley, ont assuré que les proches du jeune homme "n’avaient aucune idée" de ce qu’il tramait: "Ils sont sous le choc."

Farook, décrit comme poli, introverti et solitaire, vivait "le rêve américain: il était marié, il avait une fille, il avait gagné 77.000 dollars l’an dernier", selon un jeune homme qui priait dans la même mosquée que lui à San Bernardino.

– ‘Il a épousé une terroriste’ –

Les regards se tournaient vers sa femme, rencontrée en 2013 sur un site de mariage et épousée en Arabie saoudite en 2014, où elle a vécu après avoir grandi au Pakistan. A son retour aux Etats-Unis, le jeune homme n’était plus le même, a assuré un de ses anciens collègues, Christian Nwadike.

"Je pense qu’il a épousé une terroriste", a-t-il déclaré à CBS.

Les avocats de la famille de Farook ont décrit Tashfeen Malik comme "une femme au foyer typique", qui s’occupait de son bébé. Ils ont évoqué une famille "très traditionnelle": la jeune femme "avait choisi de ne pas conduire", ne montrait pas son visage. Les hommes et les femmes ne s’asseyaient pas dans la même pièce.

David Chesley et Mohammad Abuershaid ont aussi relativisé l’arsenal des deux tueurs.

M. Chesley a fait valoir qu’aux Etats-Unis, il était normal d’avoir des armes chez soi. "En particulier si vous pratiquez le tir, ce n’est pas inhabituel d’avoir 2.000 cartouches à la maison."

Il a aussi voulu minimiser le lien présumé de Farook avec les réseaux islamistes. "Ce n’est pas parce que vous avez été sur une page internet que vous soutenez" ce qui y est écrit, a-t-il affirmé, appelant également à ne pas stigmatiser les musulmans.

Les témoignages sur l’horreur de mercredi continuaient par ailleurs de faire surface. Après un policier qui a décrit le "chaos" et "un indescriptible carnage", Trudy Raymundo, directrice des services de santé locaux, a raconté sur CNN que le massacre avait semblé "durer une éternité. Je n’arrivais pas à arrêter de penser +Pourquoi n’arrête-t-il pas de tirer ? Pourquoi ?+"

Face à la possibilité évoquée par certains témoins qu’une altercation avec un collègue ait pu déclencher un accès de fureur de Farook, Corwin Porter, un collègue, a assuré qu’"il n’y a rien eu de la sorte".

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