Trump insulte Tillerson, dont il avait fait son diplomate en chef

Piqué au vif par les propos peu élogieux de son ancien secrétaire d’Etat Rex Tillerson, Donald Trump n’a pas fait dans la nuance, insultant ouvertement vendredi celui qu’il avait nommé à la tête de la diplomatie américaine.

Si le président des Etats-Unis est connu pour ses propos moqueurs envers ses adversaires et ses proches tombés en disgrâce, cette violente mise en cause d’un homme qui a occupé l’un des postes centraux de son administration est sans équivalent dans l’histoire politique américaine moderne.

"Mike Pompeo fait un boulot fantastique, je suis très fier de lui", a-t-il tweeté.

"Son prédécesseur, Rex Tillerson, n’avait pas les capacités mentales nécessaires. Il était bête comme ses pieds et j’aurais dû m’en séparer plus tôt", a-t-il ajouté.

"Il était flemmard comme tout", a-t-il encore écrit, évoquant celui qui fut PDG du groupe pétrolier ExxonMobil.

Le contraste ne pouvait être plus marqué avec le tweet envoyé il y a deux ans pour annoncer la nomination de celui qu’il qualifiait alors de "l’un des plus grands dirigeants d’entreprise au monde".

Le chef de la diplomatie occupe un poste central dans l’administration américaine: il a en charge quelque 70.000 diplomates, fonctionnaires et contractuels et pilote 250 ambassades et consulats à travers le monde.

"Tout raconter" ?

Objet de l’ire présidentielle ? Une interview accordée à CBS par l’ancien secrétaire d’Etat, qui était, depuis son brutal limogeage en mars, resté extrêmement discret.

"J’ai eu du mal, venant de l’entreprise ExxonMobil, disciplinée et très axée sur le suivi des procédures, à travailler pour un homme qui est plutôt indiscipliné, qui n’aime pas lire, qui ne lit pas les rapports, qui n’aime pas aller dans le détail mais qui dit plutôt +Voilà ce que je crois+", a-t-il expliqué.

"Il fallait que je lui dise: +Monsieur le président, je comprends ce que vous voulez faire mais vous ne pouvez pas le faire de cette façon-là — ça enfreint une loi, ça viole un traité+. Cela le contrariait beaucoup", avait encore raconté le Texan à la voix caverneuse.

Du temps où ils travaillaient "ensemble", les divergences de vues entre les deux hommes étaient notoires sur plusieurs dossiers-clés, du climat à l’Iran.

Et le milliardaire républicain n’a jamais facilité la tâche de son secrétaire d’Etat. D’abord en le privant de l’emblématique dossier israélo-palestinien, confié à son gendre Jared Kushner. Puis en multipliant les décisions de désengagement de la scène multilatérale.

Fin 2017, l’impétueux président avait même, fait rare, publiquement rabroué le chef de la diplomatie pour avoir évoqué l’existence de canaux de communication visant à sonder les intentions de la Corée du Nord. "Il perd son temps à négocier", avait-il écrit sur Twitter. "Conserve ton énergie Rex, nous ferons ce que nous devons faire."

L’affaire avait pris une tournure plus personnelle lorsque la chaîne de télévision NBC News avait rapporté que M. Tillerson avait, à la fin d’une réunion au Pentagone,qualifié le président de "débile".

Cet épisode avait contraint le secrétaire d’Etat à prendre la parole pour affirmer son soutien public et son "engagement en faveur du succès" du locataire de la Maison Blanche.

Pour Aaron David Miller, ancien diplomate et négociateur dans plusieurs administrations démocrates comme républicaines, la question est désormais de savoir si Rex Tillerson, insulté sur Twitter par le locataire de la Maison Blanche, "va maintenant commencer à tout raconter".

"Je ne l’ai jamais rencontré, mais j’en doute…", a-t-il ajouté sur Twitter.

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