Touristes et « gilets jaunes » attendent l’an neuf sur les Champs-Elysées

"Vous êtes de quelle région ?": sur les Champs-Élysées illuminés, quelques dizaines de "gilets jaunes", mêlés aux touristes et badauds, s’interpellent et forment de petits groupes fluos au pied de l’Arc de Triomphe, bien décidés à vivre les dernières heures de 2018 sur l’avenue devenue emblématique de leurs manifestations.

Au milieu de discussions en anglais, hindi, espagnol ou mandarin, fusent des "Macron démission" et des Marseillaises entonnées en haut de l’avenue, au moment où le président entame son allocution télévisée pour les voeux aux Français.

Ecouter Emmanuel Macron ? "Pour quoi faire ? Pour qu’il nous joue de la flûte ?", lance André, un maçon de 30 ans venu de l’Oise. "Jamais je vais l’écouter ! On n’attend rien de lui, on veut qu’il démissionne", abonde Laetitia Karen, Parisienne de 48 ans.

Facilement visibles avec leurs bandes réfléchissantes dans la nuit, plusieurs dizaines de sympathisants du mouvement né pour réclamer plus de pouvoir d’achat étaient rassemblés dans le calme, certains avec des ballons jaunes ou coiffés de bonnets fluos.

Au fil des semaines, les Champs-Élysées sont devenus l’épicentre parisien du ce mouvement de contestation protéiforme qui a rassemblé à son plus fort 282.000 personnes en France le 17 novembre.

Ces manifestations ont à plusieurs reprises été émaillées de violences. Au total, dix personnes sont décédées depuis le début de la contestation et plusieurs milliers ont été blessées, parfois gravement, aussi bien du côté des manifestants que des forces de l’ordre.

Si la mobilisation a nettement décru ces dernières semaines, un appel à un "acte VIII" sur les Champs Élysées le soir du 31 décembre, "festif et non-violent", a été relayé sur les réseaux sociaux.

Loic Coene, technicien industriel de 28 ans, a fait 2H30 de route depuis la Haute-Marne pour "fêter le 1er janvier pour la première fois à Paris". Il voulait montrer que "ce n’est pas perdu, que le rassemblement n’est pas mort".

Disant avoir l’intention de "chanter comme il faut" puis de repartir dans la nuit chez lui, il affirme ne pas avoir l’intention de "raccrocher son gilet jaune".

"Même si Macron est en train de manger du caviar, je suis là pour l’emmerder jusqu’au bout !", lance André.

"Contre la violence"

Environ 12.000 policiers étaient déployés lundi soir dans la capitale, selon la préfecture de police de Paris, auxquels s’ajoutent 6.000 gendarmes, militaires, pompiers et secouristes, entre autres personnels mobilisés, pour encadrer ces festivités.

Aux alentours des Champs-Élysées, un périmètre de sécurité, où alcool et engins pyrotechniques sont strictement interdits, a été mis en place dès 16H00. Des fouilles et des "palpations" ont été prévues à l’entrée de cette zone.

Chaque année, plusieurs centaines de milliers de personnes viennent fêter le passage à la nouvelle annéee sur la plus belle avenue du monde. "Le peuple, il est ce soir sur les Champs Élysées, ce sont ces 300.000 personnes", a déclaré le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, qui s’est rendu sur place peu avant 22H00.

Il avait plus tôt souhaité aux Français, à l’issue d’une visite dans l’Essonne, "un moment personnel de bonheur et de partage".

Dans la foule, Tracy et Dean Peoow ont traversé la Manche et ne sont pas "vraiment inquiets" malgré les boutiques presque toutes protégées par des panneaux de contreplaqué et la présence de policiers et militaires. "On espère qu’il n’y aura pas de problème !" disent-ils en riant.

D’autres touristes étaient moins sereins. "On devait venir deux semaines à Paris, finalement on ne restera que trois jours, parce qu’on a peur de ce qu’il peut se passer. Ils cassent tout. Il y a d’autres moyens de se faire entendre", a regretté Michelle, une Australienne de 46 ans.

"Je soutiens toutes formes de protestation, mais je suis contre la violence. Ce que font les "gilets jaunes" est incompréhensible", estimait aussi Fernando, 24 ans, un avocat venu du Brésil.

Un spectacle "son et lumière" était prévu sur l’Arc de triomphe, suivi d’un court feu d’artifice vers 23H00.

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