Syrie : début des patrouilles conjointes turco-américaines

Ankara et Washington ont lancé dimanche matin leur première patrouille conjointe dans le nord-est de la Syrie, dans un secteur censé se transformer à terme en une "zone de sécurité" en vertu d’un accord entre les deux pays.

Six véhicules blindés turcs ont traversé la frontière pour rejoindre en Syrie autant de véhicules américains pour leur première patrouille conjointe, a constaté un journaliste de l’AFP sur place, une mesure prévue par un accord conclu le 7 août.

Selon un photographe de l’AFP, les véhicules turcs et américains, suivis d’une ambulance et d’un pick-up, se sont enfoncés un peu en Syrie avant de se diriger vers l’Ouest.

Deux hélicoptères surveillaient la zone où les véhicules turcs ont traversé la frontière à travers une ouverture dans le massif mur en béton érigé entre les deux pays.

La patrouille devait durer jusqu’à la mi-journée, avant le retour en Turquie des troupes turques, selon le ministère de la Défense, qui affirmait que des drones étaient également impliqués.

L’accord conclu le mois dernier entre la Turquie et les Etats-Unis prévoit la mise en place d’une zone tampon entre la frontière turque et les zones syriennes contrôlées par la milice kurde appuyée par Washington des Unités de protection du peuple (YPG), fer de lance des Forces démocratiques syriennes (FDS), à l’est du fleuve Euphrate.

Ankara considère cette milice comme une extension en Syrie du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée terroriste par la Turquie, mais aussi l’Union européenne et les Etats-Unis.

Le soutien américain à ces milices a ainsi été un point de friction majeur entre les deux pays, pourtant alliés au sein de l’Otan.

"Nous appliquons l’accord et n’avons aucun problème avec cela tant que cela empêche la guerre", a déclaré à l’AFP Riyad al-Khamis, à la tête du conseil militaire des FDS à Tal Abyad.

La patrouille ira dimanche à quelques kilomètres à l’est de Tal Abyad, a-t-il précisé, ajoutant que la date de la prochaine patrouille n’était pas encore connue.

Aucun "retard"

Ankara et Washington ont récemment mis en place le centre d’opérations conjointes, prévu par cet accord pour coordonner la création de la "zone de sécurité", dont les contours restent flous.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a toutefois affirmé que son homologue américain Donald Trump avait promis que la "zone de sécurité" serait large de 32 kilomètres (20 miles).

M. Erdogan a également menacé de lancer une opération dans le nord-est de la Syrie si la Turquie n’obtient pas le contrôle de cette "zone de sécurité". Cet accord avait déjà permis d’éviter une opération turque contre les YPG qui semblait imminente.

Depuis 2016, la Turquie a lancé deux opérations transfrontalières contre les YPG et a plusieurs fois menacé d’en lancer une nouvelle.

Si aucun calendrier n’a été avancé pour la mise en place de cette zone, M. Erdogan s’est dit "déterminé" à ce qu’elle soit créée "d’ici la dernière semaine de septembre".

Ankara a plusieurs fois mis en garde contre toute "manoeuvre dilatoire" et prévenu qu’aucun "retard" ne serait toléré.

Lors d’un entretien téléphonique samedi, le chef d’état-major turc, Yasar Guler, a à nouveau insisté auprès de son homologue américain Joseph Dunford que la "zone de sécurité" devait être mise en place "sans perdre de temps", selon un communiqué du ministère de la Défense.

L’un des objectifs de la "zone de sécurité" pour Ankara est de pouvoir y renvoyer certains des plus de 3,6 millions de réfugiés syriens installés en Turquie. Un projet pressant au moment où les combats à Idleb (nord-ouest de la Syrie), où vivent environ trois millions d’habitants, font craindre un nouvel afflux de migrants.

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