Sur la piste d’un vaccin contre l’acné

Le laboratoire Sanofi Pasteur vient d’acheter l’exclusivité mondiale des droits pour un vaccin, qui n’en est encore qu’au stade préclinique (avant l’expérimentation chez l’homme), ainsi qu’un traitement contre l’acné. Ils sont développés par des chercheurs de l’université de Californie à San Diego. La cible potentielle est vaste : 80 à 90 % des adolescents voient apparaître des boutons sur leur visage, voire leur dos, au moment de la puberté. Cette maladie peut durer pendant des années, et persister à l’âge adulte.

"La glande sébacée est au repos jusqu’au début de l’adolescence", explique Louis Dubertret, professeur émérite de dermatologie. "Quand elle commence à sécréter le sébum, sous l’effet des hormones, le canal d’évacuation est souvent bouché, encombré par des débris de peau, de graisse, d’où la formation d’un point noir (ou blanc quand il est plus profond). La glande ne pouvant pas se vider, elle grossit, elle finit par s’enflammer, ce qui est à l’origine des microkystes." Même si cette affection est la plupart du temps bénigne et transitoire, elle peut avoir des conséquences psychologiques, physiques et sociales très importantes.

Il est prouvé qu’un microbe présent dans la glande sébacée, le Propionibacterium acnes, sécrète des substances inflammatoires qui attaquent la graisse du sébum et la transforment en produits très irritants. "Il y a actuellement deux grandes théories pour expliquer les boutons, continue le spécialiste : l’une estime que le bouchon est le premier responsable et que le Propionibacterium acnes ne fait que mettre le feu aux poudres ; l’autre dit que c’est la bactérie qui est à l’origine du mal, parce qu’elle produit des substances qui irritent le conduit d’évacuation du sébum et provoquent des points noirs. Rien n’est tranché, mais je penche pour la première."

"L’idée est intéressante"

Or, c’est manifestement la seconde qui a été retenue par les chercheurs américains. Ils tentent de créer des réactions immunitaires susceptibles de neutraliser les substances inflammatoires produites par le Propionibacterium acnes. "L’idée est intéressante", admet Louis Dubertret, "mais, quelle que soit la méthode employée, il faudrait que la réaction immunologique induite arrive au niveau de la glande sébacée et soit suffisamment forte pour y agir. Ce qui n’a rien d’évident." Elias Zerhouni, président Monde, Recherche et Développement de Sanofi, est évidemment plus optimiste. Selon lui, "cette approche pourrait déboucher sur un produit immunothérapeutique avec des avantages significatifs et un mécanisme d’action innovant permettant de répondre à un besoin de santé non satisfait".

Néanmoins, il existe déjà des traitements efficaces : l’action des dérivés de la vitamine A acide et du peroxyde de benzoyle, à usage local, peut être complétée par la prescription d’un antibiotique qui agit non seulement contre les bactéries, mais aussi contre l’inflammation. Certaines pilules contraceptives donnent de très bons résultats chez les jeunes filles. "Et si cela ne suffit pas, il reste toujours le Roaccutane", ajoute le professeur Dubertret. "Ce médicament, qui doit être prescrit dans des conditions très strictes, est très efficace, même à faible dose." Enfin, les jeunes doivent savoir que, quelle que soit la qualité du traitement, les microkystes présents dans la peau doivent s’ouvrir avant de disparaître. Et qu’il y a donc un délai obligatoire entre les premiers soins et la fin de la guerre des boutons…

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