« Stop à la stigmatisation ! »: le président de la Seine-Saint-Denis réagit après un livre sur l' »islamisation » de son département

"Stop à la stigmatisation de notre territoire !": le président du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel (PS), a dénoncé mardi la publication d’un livre sur la supposée "islamisation rampante" du département, dirigé par deux journalistes du Monde.

"Cela faisait quelques mois que nous n’avions pas été obligé-e-s de monter au créneau, et nous aurions presque commencé à trouver cela étrange", ironise M. Troussel dans une tribune publiée sur son blog. "Quoi, aucune revue cherchant à gonfler ses ventes, aucun-e intellectuel-le auto-proclamé-e, aucun-e polémiste à deux sous, n’aurait taxé la Seine-Saint-Denis de territoire à l’islamisation rampante, en prémisse au grand remplacement ?"

"Il suffisait d’attendre le dernier ouvrage (…) dirigé par les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme", ajoute-t-il.

Ces deux journalistes d’investigation, enquêteurs chevronnés du journal Le Monde, ont encadré cinq étudiants du Centre de formation des journalistes (CFJ) qui étaient chargés d’enquêter sur "l’islamisation à visage découvert en Seine-Saint-Denis". Leurs travaux ont donné lieu à un livre intitulé "Inch’allah", publié le 17 octobre aux éditions Fayard.

L’ouvrage s’ouvre sur une anecdote: lors du barbecue annuel de la police judiciaire de Seine-Saint-Denis une "fêlure est apparue, subreptice", écrivent les journalistes. Selon eux, une dizaine de fonctionnaires musulmans a réclamé de la viande halal, avant d’exiger que les femmes ne manipulent plus le barbecue.

"Difficile de trouver un exemple plus frappant du processus que cet ouvrage entend documenter: l’islamisation d’un département, la Seine-Saint-Denis", ajoutent les auteurs.

Une anecdote fermement démentie par l’ancien responsable de l’amicale de ce service, Abdoulaye Kanté. "Nous n’avons jamais été confrontés à des problèmes d’ordre religieux", a-t-il écrit dans un communiqué. Contactés par l’AFP, plusieurs policiers du département ont eux aussi dénoncé des "déclarations infondées".

La preuve, assure ainsi Grégory Goupil, responsable local du syndicat Alliance: "on fait Noël, le Beaujolais, et tout le monde est présent". Les journalistes du Monde ont maintenu leur information, dénonçant auprès de Libération "une réaction corporatiste".

De son côté, Véronique Decker, directrice d’école à Bobigny et longuement citée dans l’ouvrage, a dénoncé dans un post sur Facebook un livre "assez ouvertement islamophobe".

"Les anecdotes que je raconte sont compressées et donnent l’impression que je passe ma vie à combattre des militants religieux, ce qui n’est pas le cas, même si cela arrive de temps en temps (par ailleurs, tous ne sont pas musulmans, il m’arrive de m’opposer à d’autres revendications d’autres religions…)", a-t-elle dit.

"De quoi me parlent les gens lors de mes permanences hebdomadaires à La Courneuve ?", écrit encore M. Troussel. "Pas du halal, pas du voile, pas de la mosquée. Ils veulent un logement, ils veulent des transports qui fonctionnent, ils veulent avoir accès à un emploi, ils veulent faire des études".

"Il ne s’agit pas de nier que certaines dérives religieuses importantes existent et qu’il faut les combattre. Mais il faut les laisser à leur juste place (…)", ajoute-t-il. "Et admettre que c’est en faisant plus pour l’emploi, le logement, l’éducation, la santé, la sécurité… qu’on refermera les failles de la République dans lesquelles elles tentent de s’engouffrer".

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