Sommet des Amériques: corruption et Venezuela au menu, Trump absent

La corruption qui secoue la région et la création d’un front commun contre le président vénézuélien Nicolas Maduro seront au menu du Sommet des Amériques, vendredi et samedi à Lima, où Donald Trump brillera par son absence.

Le président américain a annulé à la dernière minute ce qui devait être son premier déplacement en Amérique latine depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2017.

Il a finalement choisi de rester à Washington "pour superviser la réponse américaine à la Syrie", selon la Maison Blanche. C’est le vice-président Mike Pence qui représentera les États-Unis à Lima ainsi que la fille et conseillère du président, Ivanka, laquelle va promouvoir le rôle des femmes dans l’économie du continent.

Cette absence, la première d’un président américain à ce conclave régional lancé par Bill Clinton en 1994, est vécu comme un véritable camouflet en Amérique latine, longtemps vue comme l’arrière cour des États-Unis mais où l’influence de la Chine est grandissante.

"Pour la première fois depuis longtemps, les États-Unis ont cessé d’avoir une attitude proactive vis-à-vis de l’Amérique latine et cette décision ne fait que confirmer cela", juge l’analyste politique péruvienne Lucia Dammert.

En près de 15 mois de présidence, Donald Trump a entretenu des rapports tendus avec ses voisins du Sud, en particulier avec le Mexique sur les sujets migratoires et commerciaux.

Donald Trump a ainsi annoncé la semaine dernière le déploiement de 2.000 à 4.000 militaires à sa frontière méridionale pour endiguer l’immigration clandestine. Il a indiqué qu’il pourrait y garder les militaires jusqu’à la construction du mur qu’il a promis.

Différends

Cette décision a exacerbé les tensions avec le Mexique, le président Enrique Peña Nieto – qui a déjà annulé deux déplacements à Washington – jugeant injustifiées les "attitudes irrespectueuses ou menaçantes" de son homologue.

Et le chef de la diplomatie mexicaine, Luis Videgaray, a annoncé lundi que son pays allait réévaluer sa relation de coopération avec son voisin du Nord à cause des différends bilatéraux "notoires".

Le président Trump avait vivement pris à partie les autorités mexicaines la semaine dernière après la diffusion d’un reportage télévisé sur une caravane d’environ un millier de migrants originaires d’Amérique centrale traversant le Mexique avec l’intention d’entrer illégalement aux Etats-Unis.

Mais le projet de mur de Trump dérange dans la région: à plusieurs reprises, les capitales latino américaines ont exprimé leur désaccord.

Au chapitre commercial, la renégociation en cours de l’accord de libre-échange nord-américain (Aléna), signé en 1994 avec le Canada et le Mexique et qualifié par M. Trump de "désastre" pour les emplois américains, a également refroidi les relations régionales avec Washington.

Signe de cette perte d’influence des Etats-Unis, au profit de l’Asie, onze pays des deux rives du Pacifique ont fait revivre début mars au Chili l’accord de libre-échange transpacifique (TPP), donné pour mort il y a un an après le retrait des États-Unis, un signal fort face aux tentations protectionnistes du locataire de la Maison Blanche.

Maduro absent

Dans ce contexte, l’Amérique latine devrait accueillir avec soulagement les signes de détente entre la Chine et les États-Unis sur le commerce, les deux géants ayant adopté mardi un ton résolument plus conciliant.

En dépit de l’absence de Trump à Lima, la situation au Venezuela sera au centre des discussions de ce VIIIe Sommet des Amériques, dans un continent qui a viré à droite ces dernières années. Un front commun contre le gouvernement du socialiste Nicolas Maduro pourrait voir le jour afin, notamment, de ne pas reconnaître le résultat du scrutin présidentiel anticipé du 20 mai prochain.

Pour Washington, le Venezuela est en ce moment "le problème le plus pressant dans cet hémisphère", a récemment déclaré un haut responsable du département d’État américain.

De son côté, le dirigeant vénézuélien a renoncé mardi à se rendre au Pérou, expliquant que sa sécurité n’y serait pas suffisamment assurée, selon lui. Cette réunion "ne fait pas partie de nos priorités, aucune décision ne va y être prise, c’est une vraie perte de temps", a-t-il ajouté.

Les organisateurs comptent en revanche sur la présence de Raul Castro, quelques jours avant que le leader cubain ne passe la main, mettant fin à plus de 40 ans de pouvoir sans partage des frères Castro sur l’île.

Au moment où les scandales éclaboussent tout le continent, dont l’ex-président péruvien Pedro Pablo Kuczynski, récemment destitué, et l’ancien chef de l’Etat brésilien Lula, en prison, les débats sur la corruption, thème de ce sommet, auront un intérêt particulier.

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