Sommet G20 en Chine: les grandes puissances face à une conjoncture politico-économique de plus en plus incertaine

Les dirigeants des puissances du G20 doivent se réunir dimanche à Hangzhou en Chine, dans une conjoncture mondiale des plus fragiles marquée par l’essoufflement des échanges commerciaux, avec toutefois des marges de manoeuvre limitées pour adopter des actions coordonnées, lors d’un sommet hanté par les dossiers géopolitiques.

La Chine, qui préside cette année le G20, a prévu un agenda modeste pour le rassemblement des chefs d’Etat et de gouvernement des pays les plus riches du globe les 4 et 5 septembre à Hangzhou (est), fixant pour objectif une économie "innovante, vigoureuse, interconnectée et inclusive".

la Chine sera ainsi maître des cérémonies du sommet des principales économies du monde, avec pour objectif d’imposer son nouveau statut de grande puissance et de jouer un rôle central dans la nouvelle gouvernance mondiale. Clairement, Pékin se retrouve au coeur de tous les grands débats. Devenu le premier exportateur mondial, la Chine a tout intérêt à stabiliser l’économie mondiale et à relancer la croissance.

Pékin a déjà su tisser des liens privilégiés avec les pays émergeants (BRICS), mais aussi l’Afrique et l’Asie où elle ne cesse de pousser ses pions.

L’économie chinoise qui a dépassé celle de l’Allemagne en 2007, celle du Japon en 2008, pourrait dépasser celle des Etats-Unis avant 2030. La Chine atteindrait alors 20% de l’économie mondiale, devant les Etats-Unis et l’Inde.

Preuve que la chine assume désormais son statut de grande puissance, et son nouveau rôle dans la gouvernance mondiale, Pékin a ratifié samedi 3 septembre l’accord de Paris sur le Climat. Une bonne nouvelle pour la Planète.

Toutefois, force est de constater que la conjoncture demeure morose: le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé ses prévisions de croissance mondiale pour 2016 et 2017 à 3,1% et 3,4%, suite au vote britannique sur le Brexit, dans un contexte de reprise cahotante.

"Il n’y a pas beaucoup d’intérêts convergents entre les grandes puissances", ce qui contrarie des solutions concertées, avertit Christopher Balding, professeur à l’Université de Pékin.

Et contrairement à certaines des réunions précédentes du G20, "on sent une bien moindre urgence à adopter des initiatives politiques majeures à Hangzhou", abonde Qu Hongbin, analyste de HSBC.

"Les inquiétudes sur la dépréciation du yuan et la croissance ont diminué, l’économie en Chine s’est stabilisée, et les turbulences immédiates liées au Brexit restent contenues", résume-t-il.

En 2014 en Australie, les dirigeants du G20, dont les membres représentent 85% de la richesse mondiale, s’étaient entendus sur une promesse phare: dégager un surplus de croissance de leur PIB de 2,1% par rapport à la trajectoire spontanée d’ici à 2018.

Depuis, l’environnement s’est pourtant assombri, et le taux de respect des engagements pris au G20 est tombé en 2015 à 63%, un plus bas, selon des chercheurs de l’Université de Toronto, faute de réformes structurelles suffisantes.

Malgré le souhait répété de parvenir à une croissance "solide, durable, équilibrée", le G20 "n’a réalisé aucun de ces objectifs", indique Tristram Sainsbury, expert du G20 Studies Centre du Lowy Institute (Australie).

La diversité des situations nationales, les réticences de certains -Allemagne en tête- de recourir à la relance budgétaire, ou les craintes d’une "guerre des devises", compliquent l’équation.

Les Etats-Unis s’orientent prudemment vers une hausse des taux d’intérêt, tandis que le Japon poursuit sa politique monétaire ultra-accommodante.

La Chine continue, elle, de susciter la défiance, suite à la dépréciation de sa monnaie, aux assouplissements monétaires alimentant l’envolée de sa dette, et en raison de ses colossales surcapacités de production, particulièrement dans l’acier -sujet qui sera abordé en marge du sommet selon des sources diplomatiques européennes.

Néanmoins, le G20 fournit un forum de discussion "utile" pour consolider la confiance des marchés et parvenir à des consensus sur des sujets comme les paradis fiscaux, tempère M. Sainsbury.

La transparence financière -dans le sillage des "Panama Papers"-, les moyens de lutter contre le financement du terrorisme, mais aussi la future mise en oeuvre de l’accord de Paris sur le climat, seront ainsi à l’agenda à Hangzhou.

Pékin promouvra "la finance verte" -outils financiers dédiés au développement durable- et un usage accru des Droits de tirage spéciaux du FMI, l’unité de compte de l’institution où est désormais inclus le yuan.

Un appel pourrait aussi être lancé pour des actions concertées de relance budgétaire et d’investissements accrus dans les infrastructures, selon HSBC.

En revanche, il sera plus difficile de s’entendre sur les questions commerciales, en pleine résurgence "d’une mentalité protectionniste", relève Andrew Polk du cabinet Medley Global Advisors, et à l’heure où agonisent les discussions sur le traité de libre-échange transatlantique.

La progression des échanges internationaux s’est effondrée sous 3% par an depuis 2009.

Or, cette année, une vingtaine de mesures supplémentaires restreignant les échanges de biens ont été adoptées en moyenne chaque mois par les membres du G20, selon l’Organisation mondiale du commerce.

L’Union européenne insistera sur la nécessité d’un "libre-échange équitable", tout en fustigeant les distorsions dues aux surproductions industrielles, relève un diplomate européen.

Enfin, les dossiers géopolitiques (guerre en Syrie, différends territoriaux en mer de Chine méridionale) devraient s’inviter à Hangzhou, au grand dam de Pékin, qui appelle à "ne pas politiser" le sommet.

(Avec MAP)

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