« Service national », Syrie, sécurité : Macron, chef des armées

S’il est élu président, le candidat d’En marche ! compte augmenter le budget de la Défense et mettre en place un service militaire obligatoire d’un mois.

Emmanuel Macron a endossé samedi, le temps d’un discours, les habits de chef des armées, esquissant un engagement plus grand de la France en Syrie, en Libye et un renforcement de ses moyens militaires s’il est élu président. « Ma vision de la France, c’est celle d’une nation […] qui a une vocation mondiale. Je refuse la tentation du repli, sur le seul territoire, et même sur le seul continent européen », a-t-il déclaré en passant en revue pendant plus d’une heure son programme de défense. Pour la circonstance, le candidat d’En marche !, soucieux de soigner sa stature régalienne, a cité à plusieurs reprises l’histoire de France, du général de Gaulle au maréchal Foch.
Il a aussi rendu un hommage remarqué à l’action du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, en poste depuis le début du quinquennat de François Hollande et dont le ralliement au candidat semble imminent. Pointant indirectement sa proximité avec le ministre, Emmanuel Macron a d’ailleurs commencé son discours en précisant qu’il venait de « s’entretenir » avec lui de l’attaque contre des militaires à l’aéroport d’Orly. Si le ministre était le grand absent, ses conseillers avaient pris place en nombre dans l’auditoire. L’équipe de Jean-Yves Le Drian a d’ailleurs fourni des fiches au candidat sur les questions de défense, selon des sources concordantes.

Augmenter le budget de la Défense

Esquissant la feuille de route stratégique du prochain quinquennat – un « terrorisme militarisé », un projet européen « ébranlé », « l’imprévisibilité » des États-Unis, l’affirmation militaire de la Russie – Emmanuel Macron a plaidé pour une « défense forte » et une « diplomatie engagée ». En Syrie, « nous devrons envisager d’accroître notre soutien » aux forces locales qui combattent le groupe État islamique", a-t-il dit. Quelques forces spéciales françaises sont déjà présentes sur le terrain, selon le Quai. En Libye, le candidat a promis d’étudier avec les Européens et les pays voisins dès le mois de mai, s’il est élu, les moyens d’un « redressement des institutions libyennes et notamment d’une armée capable de défaire les terroristes ».

Face aux menaces, Emmanuel Macron s’est engagé à continuer à augmenter le budget de la Défense pour le porter à 2 % du PIB d’ici 2025 – contre 1,8 % actuellement –, mesure également prônée par ses principaux adversaires, Marine Le Pen promettant même 3 % du PIB dès la fin du quinquennat. « Je ne veux pas promettre ce qui ne sera pas tenable », a-t-il lancé. Selon son équipe de campagne, le candidat vise les 2 % entre la fin du quinquennat en 2022 et 2025. Il s’est engagé à lancer les études pour un second porte-avions, destiné à remplacer le Charles de Gaulle à l’horizon 2040. Il n’a précisé pas en revanche s’il souhaitait que la France ait, à terme, deux porte-avions en permanence.

Une réflexion européenne

Emmanuel Macron a relevé par ailleurs que la France garderait toute sa place dans l’Otan, mais il a aussi souligné que l’Alliance n’avait pas vocation à « provoquer ceux qui n’attendent que des prétextes », une allusion claire à la Russie. Reprenant la feuille de route des derniers conseils européens, il a souhaité « avancer plus résolument vers l’Europe de la défense », avec un QG européen pour les opérations militaires et un fonds d’investissement européen.

Si besoin, la France et l’Allemagne ouvriront la voie avec une coopération renforcée en matière de défense, a-t-il esquissé, en promettant le rétablissement de conseils de défense biannuels entre les deux pays. Dans le domaine du renseignement, Emmanuel Macron a enfin promis la création d’une « Task Force permanente », associant les principaux services, afin de surmonter « les cloisonnements naturels » et de « mutualiser le plus possible les instruments et les données recueillies ».

Un « service national »

Emmanuel Macron a par ailleurs annoncé qu’il comptait instaurer un « service national » obligatoire d’une durée d’un mois pour tous les jeunes. Cette mesure ne figurait pas jusqu’à présent dans son programme. « Ce service national universel, encadré par les armées et la gendarmerie nationale, s’adressera aux jeunes femmes et hommes aptes de toute une classe d’âge, soit environ 600 000 jeunes par an », a précisé l’ancien ministre de l’Économie, ajoutant que ce service durerait « un mois ». « Chaque jeune Français ira ainsi à la rencontre de ses concitoyens, fera l’expérience de la mixité sociale et de la cohésion républicaine durant un mois », a fait valoir Emmanuel Macron, que les sondages donnent depuis plus d’un mois qualifié pour le second tour. « Ce temps de service militaire universel devra intervenir dans les trois ans suivant le 18e anniversaire de chacun », a poursuivi Emmanuel Macron.

Ce service national « permettra aussi de disposer, en cas de crise, d’un réservoir mobilisable complémentaire de la garde nationale », a expliqué le candidat, avant d’ajouter que ce service permettrait de « détecter les difficultés, notamment l’illettrisme, et [proposerait] une mise à niveau scolaire des appelés lorsque que cela sera nécessaire ». « Il aidera ainsi les jeunes à préparer leur entrée dans la vie professionnelle comme dans leur vie de citoyen », a conclu Emmanuel Macron. Le service militaire obligatoire avait été supprimé en 1997 par Jacques Chirac, qui souhaitait alors « professionnaliser » les armées.

Avec AFP

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