Scandale Uramin : Anne Lauvergon met en cause Claude Guéant

L’ex-patronne d’Areva révèle des échanges secrets entre l’ancien secrétaire général de l’Elysée et le directeur de la branche mines du groupe.

Nouveau rebondissement dans le scandale Uramin. Entendue vendredi 13 mai par les juges, Anne Lauvergeon, l’ex-patronne d’Areva, met en cause Claude Guéant, dans un entretien au Journal du dimanche. Selon elle, l’ancien secrétaire général de l’Elysée a eu des rendez-vous secrets avec le directeur des mines. Anne Lauvergeon a été mise en examen vendredi pour "présentation et publication de comptes inexacts" et pour "diffusion de fausses informations" dans l’une des enquêtes sur le rachat d’Uramin en 2007.

L’ancien patronne du spécialiste du nucléaire a cependant échappé à des poursuites pour abus de pouvoir. "Cela fait quatre ans que l’on cherche à faire peser sur moi des accusations de malhonnêteté ; aujourd’hui, que sur ce point le dossier est vide, je me sens mieux", a-t-elle réagi dans les colonnes du JDD. Les trois juges qui ont auditionné "Atomic Anne", Renaud Van Ruymbeke, Claire Thépaut et Charlotte Bilger, l’accusent d’avoir présenté des comptes inexacts pour Areva, en 2010 et 2011, pour masquer des dépréciations d’actifs liées à l’acquisition de mines d’uranium pour 1,7 milliard d’euros.

Des mines supposées inexploitables

Le géant français de l’énergie a en effet acheté Uramin, une société canadienne qui détient trois mines d’uranium en Namibie, en Centrafrique et en Afrique du Sud. Mais leur exploitation s’était vite révélée très peu rentable. Fin 2011, après le départ de sa patronne, Areva avait fini par annoncer de lourdes pertes. Au sein du groupe, c’est la direction des mines, Business Unit Mines (BU), qui était en charge des trois gisements. Selon des mails rapportés dans le dossier d’accusation, son directeur Sébastien de Montessus et Nicolas Nouveau, le directeur financier, s’inquiètent dès 2009 de "risques financiers potentiellement non couverts". Le parquet reproche aujourd’hui à Anne Lauvergeon de ne pas avoir écouté leurs avertissements, alors qu’ils réclamaient d’importantes dépréciations sur le rachat d’Uramin.

Mais l’intéressée se défend en citant l’audition de l’ancien directeur financier du groupe, Alain-Pierre Raynaud. Ce dernier accuse la direction des mines de ne pas "avoir été à la hauteur" et de "ne pas avoir proposé de solution industrielle"mais seulement "comptables". Pour preuve, selon lui, une des mines d’Afrique du Sud, revendue en 2013 à l’entreprise Peninsula, a été ensuite exploitée avec succès. Anne Lauvergeon a repris ce réquisitoire devant les juges. "En février, Peninsula a annoncé avoir découvert 25 000 tonnes d’uranium et peut-être dix fois plus", a-t-elle insisté.

"J’ignorais tout des échanges avec l’Elysée"

L’ancienne PDG de la multinationale française ne s’arrête pas là. Selon le JDD, Anne Lauvergeon a déclaré vendredi aux juges avoir découvert "avec stupeur" une note "confidentielle" à la lecture du dossier judiciaire. Cette note fait état d’échanges secrets entre Sébastien de Montessus, le directeur de la branche mines d’Areva, et Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée. "Dans ces documents, il aurait été question, dans le dos de la direction d’Areva, d’un projet de filialisation de la branche mines d’Areva, puis d’une introduction en Bourse, pour une privatisation", écrit Le JDD.

Pour Anne Lauvergeon, qui assure qu’elle "ignorait tout de ces échanges avec l’Elysée" , cette manœuvre visait à "faire entrer les Qataris". Les dépréciations exigées par la branche mines, dirigée par Sébastien de Montessus, auraient permis de vendre la filiale plus facilement et surtout moins cher aux Qataris. Ni Claude Guéant, ni Sébastien de Montessus, ne se sont exprimés sur ces accusations.

Source Le Point

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