Sarkozy maintient sa confiance à Woerth contre vents et marées

Dans cette incroyable saga de l’affaire Woerth, avec ses mensonges et ses compromissions, Nicolas Sarkozy donne l’impression d’être ligoté.

Sarkozy maintient sa confiance à Woerth contre vents et marées
Une des grandes questions qui torturent les méninges en France est la suivante: comment se fait-il qu’un homme comme Nicolas Sarkozy, connu pour sa réactivité souvent excessive, son dynamisme volontaire, sa capacité à provoquer les événements pour ne pas avoir à la subir, puisse renouveler sa confiance à un homme, Eric Woerth, pris les doigts dont le miel et dont le nez, tel un Pinocchio, s’allonge chaque fois qu’il fait une apparition publique ? Et cette interrogation gagne chaque jour en pertinence au fur et à mesure que le feuilleton Woerth-Bettencourt livre ses intarissables secrets. Officiellement, l’explication donnée par le gotha politique qui gravite autour de Nicolas Sarkozy est qu’Eric Woerth est chargé de porter une des réformes les plus emblématiques de son quinquennat et que le lâcher en cours de route équivaut à se tirer une balle dans le genou, à enterrer cette réforme et se désavouer publiquement. Ceux qui défendent cette ligne de conduite vont jusqu’à affirmer, les trémolos de femmes voyantes inspirées dans la voix, l’intonation de fakirs savants dans les allusions, que Nicolas Sarkozy joue ni plus ni moins que sa réélection en 2012 avec cette réforme de la retraite. C’est pour cette raison qu’il fallait maintenir Eric Woerth sur scène, faire bloc derrière lui jusqu’à la fin du processus visant à faire adopter cette réforme si emblématique. Cette ligne de conduite, qui dominait les argumentaires avant l’été, semble avoir fait long feu. Au sein même de la majorité présidentielle, sans parler de l’opposition, de nombreuses voix se sont élevées pour dire que justement parce que cette réforme a autant d’importance qu’il ne faut pas confier sa défense à un homme dont le crédit politique est proche de zéro. Et le dernier clou vient d’etre enfoncé par les responsables syndicaux qui affirment ne plus pouvoir travailler ni faire confiance à Eric Woerth. Sans vouloir reconnaître publiquement cette vérité, Nicolas Sarkozy avait été obligé de prendre des petites mesures qui mettent Eric Woerth en seconde positon.

Cela avait commencé par le mini-sommet improvisé en plein été à Fort Brégançon pour parler crise et budget et dont la participation d’Eric Woerth avait été décommandée à la dernière minute. Cela s’est poursuivi par la volonté presque obsessionnelle de Nicolas Sarkozy de ne pas se faire photographier avec le ministre du Travail. Et cela se termine actuellement par cette nécessité de confier au Premier ministre lui-même François Fillon de défendre auprès de l’opinion la pertinence de cette réforme avant qu’elle ne soit soumise à examen de la représentation nationale.

Dans cette incroyable saga de l’affaire Woerth, avec ses mensonges et ses compromissions, Nicolas Sarkozy donne l’impression d’être ligoté, de ne pas pouvoir se séparer d’Eric Woerth comme il l’avait fait avec Christian Blanc et Alain Joyandet, obligés de démissionner pour des faits politiquement beaucoup moins graves que le halo de doutes et de soupçons qui entoure le ministre du Travail. Comme si Nicolas Sarkozy craignait que le sacrifice d’Eric Woerth, non seulement tuerait dans l’œuf la réforme de la retraite mais ouvrirait la boîte de Pandore sur d’indésirables révélations, notamment dans le domaine dans lequel Eric Woerth avait excellé, lever les fonds pour financer les campagnes électorales de la famille UMP.

(Source ALM)

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