Sarkozy: chez LR, derrière le soutien officiel, un léger malaise en coulisse

LR a apporté un soutien unanime à Nicolas Sarkozy, en garde à vue dans l’enquête sur des soupçons de financement libyen, mais en coulisse un léger malaise est perceptible dans les rangs d’un parti qui ne fait pas de cadeau aux ministres mis en cause.

Officiellement, Les Républicains font bloc derrière Nicolas Sarkozy. Premiers de cordée: les soutiens historiques de l’ancien chef de l’État.

"Je ne suis pas juge ni procureur mais il y a visiblement un acharnement, incompréhensible", a lancé le chef de file des députés LR Christian Jacob. "S’il avait été convoqué, il serait venu devant la justice comme il l’a toujours fait" mais "on sait qu’il y a quelque fois besoin de spectacle pour alimenter les médias", a ajouté l’eurodéputée Nadine Morano.

La direction du parti affiche également son "plein et entier soutien" en invoquant la présomption d’innocence, tout en critiquant la forme. "Les adhérents et sympathisants Les Républicains ont une nouvelle fois le sentiment que tous les élus ou anciens élus ne subissent pas le même traitement, selon qu’ils appartiennent à telle ou telle famille politique", a ainsi regretté le parti.

Mais en coulisse, le soutien s’accompagne d’un peu d’embarras. "Ça renvoie encore au passé, à une image de la droite dégradée par les affaires et ça nous oblige à venir au soutien, à commenter sans commenter", soupire un membre de LR.

Pour le président du parti Laurent Wauquiez, la mesure de garde à vue infligée à Nicolas Sarkozy est "humiliante et inutile". Un soutien affiché au moyen d’un simple tweet mardi en fin de journée, jugé timoré par une partie des LR. "Le service minimum", selon un membre de la direction.

"Pris dans la contradiction"

Les relations entre Laurent Wauquiez et Nicolas Sarkozy se sont refroidies depuis la divulgation des enregistrements du président d’Auvergne-Rhône-Alpes, dans lequel on l’entendait raconter à des étudiants lyonnais que l’ancien président faisait écouter ses ministres.

M. Wauquiez s’est publiquement excusé et a été reçu la semaine dernière par M. Sarkozy. Mais à son endroit, l’ancien président souffle le chaud et le froid: le lendemain, il était à Roubaix pour remettre la légion d’honneur au maire de la Ville en présence du ministre de l’Action et des Comptes publics Gérald Darmanin (ex-LR).

Or Laurent Wauquiez a à plusieurs reprises appelé à la démission de M. Darmanin, dont l’enquête à son encontre pour viol a été classée sans suite, mais qui doit affronter une deuxième enquête pour abus de faiblesse.

"Un ministre qui fait l’objet d’une plainte déposée par une femme pour abus de faiblesse ne peut pas rester au gouvernement". "Ce n’est pas une question de justice, c’est une question d’exemplarité", déclarait-il le 20 février sur BFMTV, jugeant que certains responsables politiques s’abritaient "un peu trop facilement derrière la présomption d’innocence".

Le parti avait aussi ciblé en juin Richard Ferrand, mis en cause dans une affaire qui a entraîné son exfiltration du gouvernement.

"Le problème, c’est que le principe de la présomption d’innocence tient à condition de l’appliquer en tous lieux, à toutes personnes et en toutes circonstances. Si le principe est appliqué à la carte, on se retrouve forcément pris dans la contradiction", regrette un parlementaire LR.

Beaucoup de dirigeants LR –Virginie Calmels, Guillaume Peltier, Jean Leonetti– n’avaient d’ailleurs pas défendu cette demande de démission de M. Darmanin. "Mis en minorité à l’intérieur de mon parti, moment très difficile à gérer", selon les propres termes de M. Wauquiez devant les étudiants lyonnais.

"Laurent Wauquiez n’a jamais remis en cause la présomption d’innocence. Ce qu’il a évoqué, c’est l’exemplarité qui est due de la part d’un membre du gouvernement", argumente l’entourage de Laurent Wauquiez pour qui "la notion d’exemplarité ne se pose absolument pas" dans le cas de Nicolas Sarkozy.

Alors que l’ancien président reste le dirigeant le plus populaire auprès des sympathisants LR, et qu’une partie de la droite spéculait ces derniers temps sur son retour aux affaires, Laurent Wauquiez est "placé devant une difficulté: prendre l’héritage, mais aussi tourner la page", résume un dirigeant.

afp

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