Sarkozy, Obama: retrait d’Afghanistan, doutes sur la Libye

Sarkozy, Obama: retrait d
A peine Barack Obama avait-il dévoilé sa stratégie de débuter le retrait des ses forces d’Afghanistan que Nicolas Sarkozy le talonnait dans sa décision. Comme si le président français était tapi dans l’ombre à attendre que le signal du retrait provienne d’abord de Washington avant qu’il ne soit relayé avec cette rapidité par Paris.

La subite réaction de Nicolas Sarkozy tranche lourdement avec la grandiloquence avec laquelle il avait l’habitude de justifier la présence militaire de la coalition internationale en Afghanistan. Combien de fois, répondant à des adresses de l’opposition ou à des interpellations journalistes, Nicolas Sarkozy n’avait-il pas sorti ses phrases les plus lyriques et sa posture la plus dramatisante pour dire à quel point la paix et la sécurité de la planète se jouaient dans cette région, qu’il n’est pas question de quitter avant d’être absolument certain que le danger terroriste et déstabilisateur était totalement écarté.

Par ailleurs, même si certains ont pu écrire, preuves à l’appui sous formes de confidences ou de d’humeurs savamment distillées , que Nicolas Sarkozy n’était plus aussi enthousiaste de laisser les forces françaises en Afghanistan, il ne pouvait prendre la décision unilatérale de les retirer de crainte d’adresser deux faux messages. Le premier est d’afficher un manque de solidarité avec l’allié américain alors qu’il avait consacré le début de son mandat à recoudre les ruptures constatées sous l’ère Chirac/Bush et qu’il avait contre vents et marées réintégré le commandement militaire de l’Otan. Le second est de donner l’impression d’avoir cédé aux exigences des groupuscules terroristes de l’AQMI au Sahel qui demandent, en échange de la libération des otages français, le retrait des forces française d’Afghanistan.

Aujourd’hui c’est le président américain lui même qui prend la décision de lancer le retrait. La principales justification est la mort d’Oussama Ben Laden qui automatiquement selon la perception américaine fait baisser la menace terroriste. Cette conviction est si installée au sein de l’administration de Barack Obama que parallèlement à l’annonce de ce retrait, un canal de négociations est ouvert avec la frange "modérée" des Talibans. Au grand des espoirs de tous ceux qui pensent que la modération est une notion inconnue chez les Talibans.

Entre Barack Obama et Nicolas Sarkozy, il y a un point commun de calendrier politique. Les deux hommes entament en 2012 le processus de leur réélection. Le premier ne veut pas être l’homme du bourbier afghan après avoir été celui de la délivrance irakienne. Le second ne supportera pas politiquement les pertes françaises qui s’accumulent en Afghanistan au nom d’une cause impopulaire en France. Le retrait parait satisfaire les exigences de deux calendriers électoralistes.

Mais ce calendrier, minutieusement préparé sur son versant afghan, a de fortes chances de trébucher sur la crise libyenne. Obama et Sarkozy commencent à subir des pressions internes. Le Congrès américain menace de ne pas suivre financièrement l’aventure militaire américaine en Libye, tandis qu’en France comme en Grande Bretagne, des signes d’essoufflement commencent à pointer à l’horizon. La facture de la guerre commence â être difficile à supporter. En juillet un débat parlementaire dira la viabilité politique et économique d’un tel engagement.

Nicolas Sarkozy mène le leadership militaire et diplomatique sur la crise libyenne. Presque quatre mois après le début des hostilités, le régime de Mouammar Kadhafi, certes largement affaibli, n’est pas encore tombé. Le CNT, organe de l’opposition, gagne en reconnaissance diplomatique mais peine à réaliser des performances sur le terrain et à porter le coup décisif.

La notion de bourbier en Lybie se confirme à travers deux indices. Le premier concerne les divisions qui commencent à travailler la famille "atlantiste", avec les dommages collatérales de plus en plus nombreuses et qui souligne la grande inefficacité de la politique du tapis de bombes aériens souvent aveugle.

Le second indice touche les informations de nombreux services de sécurité de la région qui affirment que les éléments d’Al Qaida au Maghreb Islamique se renforcent dangereusement en récupérant des armes d’une redoutable efficacité des casernes libyennes et des dépôts d’armes des rebelles. Ironie de l’histoire, non seulement, la coalition éprouve une grande difficulté à chasser Mouammar Kadhafi du pouvoir mais se trouve dans la positon involontaire de grand pourvoyeur d’Al Qaida au Maghreb en armes et en minutions. Cet élément pèsera sans aucun doute lourdement dans la confection d’une nouvelle stratégie de sortie du bourbier libyen.

Par Mustapha Tossa

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