SNCF: « reprise progressive » du trafic au troisième jour de perturbations

Le mouvement social à la SNCF perturbait à nouveau la circulation des trains dimanche pour son troisième jour, mais la direction notait une "reprise progressive" du trafic sur fond de bras de fer autour du "droit de retrait" entre le gouvernement et les syndicats, appuyés par des politiques classés à gauche.

Lundi, Ouigo, dont le trafic a été très perturbé, voire nul, de même que les TGV, "circuleront normalement", a précisé la direction de la SNCF.

Dimanche, la SNCF notait une reprise "progressive, nette en Ile-de-France, sur les trains grandes distances et dans certaines régions", mais "très difficile" dans certaines régions, comme l’Occitanie ou Champagne-Ardennes.

Sur les trains Ouigo, la SNCF avait prévu pour dimanche "au moins 18 trains, voire 22, contre quatre samedi et 50 un dimanche habituel". Elle notait toujours environ 9 TGV sur 10.

Le porte-parole de la SNCF en Bretagne notait aussi une "reprise progressive", promettant un retour à la normale "en fin de journée".

A l’origine du mouvement, un accident survenu mercredi soir, lorsqu’un TER reliant Charleville-Mézières à Reims a percuté un convoi routier exceptionnel coincé sur un passage à niveau dans les Ardennes, faisant 11 blessés dont plusieurs hospitalisés. Le conducteur, qui a porté secours aux passagers alors qu’il était lui-même blessé, était le seul agent SNCF à bord du train.

Les syndicats contestent ce mode de fonctionnement, qui permet de faire circuler des trains sans contrôleur, évoquant des risques de sécurité pour les voyageurs.

"C’est un mode d’exploitation (…) très largement utilisé en Europe", a assuré dimanche le secrétaire d’Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, sur BFM TV.

Selon les syndicats, la direction leur a fait parvenir dans la matinée un "relevé de décisions" basé sur la réunion de cinq heures dans la nuit de vendredi à samedi, qui s’est soldée par un échec.

Didier Mathis, de l’Unsa ferroviaire (2e syndicat de la SNCF), voit des "avancées" dans cette note: "Nous notons que la direction a pris en compte le fait que les engins en circulation sont vulnérables, mais nous maintenons le principe de précaution". L’Unsa tiendra des réunions à partir de lundi "pour décider de la stratégie à adopter".

"La direction reconnaît qu’il y a un souci, mais il n’y a pas de mesures concrètes. C’est pas fini, on va continuer", balaie pour sa part Julien Troccaz, de Sud-Rail (3e syndicat).

– "Personne n’est content" –

Dans les gares, comme la veille, l’incertitude régnait parmi les voyageurs.

A la gare Saint-Charles à Marseille, seuls 17 trains étaient proposés en début de matinée, principalement des TGV. "Mais en fait rien n’est garanti jusqu’au départ du train", explique une salariée SNCF.

Elisabeth, 63 ans, avait prévu de regagner Paris samedi, pour une soirée à l’Opéra Bastille. Elle a dû reporter son départ mais n’en veut pas aux conducteurs : "Je ne savais pas qu’ils étaient la plupart du temps seuls dans leurs trains, et je me dis qu’ils ont raison".

Le ton est monté entre l’exécutif et la direction d’un côté, et les syndicats.

Le Premier ministre Edouard Philippe a dénoncé samedi un "détournement du droit de retrait qui s’est transformé en grève sauvage" et a "demandé à la SNCF d’examiner toutes les suites qui pouvaient être données, et notamment judiciaires". M. Djebbari a estimé dimanche que la SNCF pourrait prononcer des sanctions individuelles et saisir la justice, et le patron de la SNCF, Guillaume Pepy, a qualifié ce mouvement de "grève surprise" et "pas admissible".

Ils "n’ont pas compris qu’il y a une colère des agents à propos de la sécurité", s’insurge Julien Troccaz, de SUD-Rail, qui insiste sur le fait qu’elle n’est pas liée à la prochaine journée d’action. Même son de cloche à l’Unsa.

Contrairement à ces deux syndicats, la CGT (première organisation à la SNCF) lie les revendications et appelle à participer "massivement" à la journée d’action du 5 décembre contre la réforme des retraites, en y joignant "les sujets d’entreprise, notamment la sécurité". Le syndicat accuse le Premier ministre de vouloir "le pourrissement".

Les contrôleurs et les conducteurs ont obtenu l’appui de politiques classés à gauche.

"Personne n’est content de ne pas avoir de train, mais les cheminots aujourd’hui se battent pour notre sécurité, pour un service public", a réagi Yannick Jadot (EELV).

Pour Fabien Roussel (PCF) "le gouvernement et le Premier ministre feraient mieux de donner des moyens à la SNCF plutôt que de dénoncer des cheminots qui défendent un service public des transports sûr et garanti", quand Clémentine Autain (LFI) a demandé de pas "opposer ceux qui prennent le train et ceux qui permettent aux trains de circuler".

De son côté, Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national a considéré que "sur le fond, (les cheminots) ont très certainement raison de demander qu’il y ait plus de personnel". Mais "sur la forme, je suis en désaccord".

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