SNCF: Edouard Philippe va recevoir les syndicats le 7 mai

Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé mardi qu’il allait recevoir en rencontres bilatérales les syndicats de la SNCF qui, au dixième jour de grève, se réunissent pour affiner leur stratégie face au gouvernement.

Alors que les syndicats avaient claqué la porte jeudi dernier des négociations avec la ministre des Transports, Elisabeth Borne, demandant au chef du gouvernement de reprendre la main, ils ont été invités à Matignon dans une lettre que leur a adressée mardi M. Philippe une demi-heure avant la réunion de l’intersyndicale.

"Je souhaite que ces rencontres se déroulent dans le respect des concertations poursuivies entre-temps au sein de l’entreprise, de la branche et auprès de la ministre des Transports. Je réunirai également le 7 mai les dirigeants de la SNCF, les représentants de la branche ferroviaire, ainsi que ceux des usagers et des chargeurs", assure-t-il. Toutes ces rencontres seront bilatérales, a précisé Matignon à l’AFP.

Dans ce courrier, Édouard Philippe confirme par ailleurs la reprise progressive de la dette de la compagnie par l’État à partir du 1er janvier 2020 mais rappelle qu’elle "demandera un effort supplémentaire des contribuables, qui apportent déjà chaque année plusieurs milliards d’euros au financement du système ferroviaire". Il demande que cet engagement soit "complété" par des "efforts de productivité" au sein de la SNCF.

Mardi, au cinquième épisode de la grève entamée début avril sur un rythme de deux jours sur cinq, le taux de grévistes s’élevait à 17,87 % à la mi-journée, selon la direction de la SNCF. Néanmoins, la mobilisation des agents indispensables à la circulation des trains reste élevée avec notamment 63,4 % des conducteurs mobilisés.

La circulation était encore fortement perturbée, avec un TGV et un Intercités sur trois, deux Transilien et TER sur cinq et un RER sur deux sur les lignes franciliennes très fréquentées A et B. Mercredi, la SNCF prévoit "un retour progressif à la normale" avec tous les TGV prévus, trois Intercités sur quatre, neuf TER sur dix et quatre Transilien sur cinq.

Consultation chez Air-France

Du côté d’Air France, touchée par une onzième journée de grève en deux mois, un avion sur quatre est resté au sol.

L’intersyndicale composée de personnels navigants et au sol réclame une augmentation générale des salaires de 5,1 %, alors que la direction ne propose que 2 % cette année, plus 5 % supplémentaires étalés sur trois ans. Air France lance jeudi une consultation des salariés sur sa proposition salariale, dont les résultats seront connus le 4 mai au soir.

Mardi, 27,2 % de pilotes et 19,9 % d’hôtesses et stewards étaient en grève, selon les estimations de la direction. Un rassemblement s’est tenu à l’intérieur du siège d’Air France, à Roissy et l’intersyndicale a appelé à voter non à la consultation. Elle a promis d’annoncer jeudi "les jours de grèves prévus début mai".

Côté cheminots, à la mi-journée, environ 200 personnes se sont rassemblées place de la Bourse à Paris, à l’appel de la CGT, pour exprimer leur crainte d’une privatisation de la SNCF qui "dépouiller(ait) le pays d’un morceau de son patrimoine".

Le gouvernement souhaite transformer le groupe, au 1er janvier 2020, en société anonyme à capitaux publics.

Une réunion de l’intersyndicale de la SNCF au complet (CGT, Unsa, SUD et CFDT) a commencé peu en fin d’après-midi au siège de SUD-Rail, à Saint-Denis.

Une prolongation de la grève après le 28 juin, évoquée notamment par la CGT, ne fait pas l’unanimité. Rappelant qu’il reste deux mois de grève prévus, Didier Aubert (CFDT) souhaite "qu’on trouve raison et qu’on entame des négociations comme on aurait pu le faire depuis le départ".

"Jeu pernicieux"

Interrogé par l’AFP, Roger Dillenseger (Unsa) n’a "pas envie d’annoncer qu’on ne trouvera pas de solution en trois mois", un scénario "impensable au regard des usagers, de l’entreprise, des cheminots".

Autre débat: faut-il se rendre mercredi à la séance censée clore la concertation sur "l’amélioration de la qualité du service public ferroviaire", au côté du patronat, d’associations d’élus, de collectivités et d’usagers, de députés et sénateurs, et d’ONG environnementales ?

L’Unsa espérait lundi pouvoir "trouver la solution pour y participer". "Cette réunion conclusive ne conclut rien du tout puisqu’il n’y a pas eu de négociation depuis le début, donc nous ne voyons aucun intérêt à (y) participer", estimait au contraire Laurent Brun, le secrétaire général de la CGT mardi, juste avant de recevoir la lettre de Matignon, qui pourrait rebattre les cartes.

Des cadres supérieurs de la SNCF ont de leur côté dénoncé "le jeu pernicieux et irresponsable" du gouvernement qui "met au pilori" les cheminots" et les soumet à un "chantage" sur la reprise de la dette, dans une lettre à Mme Borne.

Dans le secteur de l’énergie, la fédération CGT Mines-Energie a annoncé avoir mené "de nombreuses" opérations "péage gratuit" dans toute la France. Selon elle, la gare de Bordeaux a également été "privée d’énergie" en fin de matinée.

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