Royal et Bayrou s’apprêtent à rentrer dans les rangs

Ce n’est pas encore un exercice de contrition, ni un remord publique. Mais cela y ressemble fortement. La stratégie concertée ou contrainte qu’empruntent deux récentes grandes gloires de la politique française que sont Ségolène Royal, l’anti-conformiste socialiste et François Bayrou, le rebelle centriste s’apparente à un retour au bercail après une traversée solitaire du désert.

Royal et Bayrou s’apprêtent à rentrer dans les rangs
Le souvenir est encore frais dans les mémoires de ces deux icônes qui, lors de la dernière présidentielle, ont failli se « pacser » politiquement, donnant à leur propre famille politique un grand bourdon. Au cours des longs mois qui suivirent, Le parti socialiste était au bord de l’implosion à force de carburer sur la position à prendre à l’égard de ce centre séducteur. L’UMP du président Sarkozy piaffait d’impatience de parvenir à cette grande clarification centriste qui met ouvertement François Bayrou dans le camp ennemi.

Quelques manœuvres d’appareils et quelques opérations électorales plus tard, le rapport de force n’est plus le même. Ségolène Royal semble avoir perdu la bataille de la structure et François Bayrou celle de l’opinion. Les deux ont été exilés dans un grand anonymat. Ségolène Royal s’est recroquevillée sur sa région de Poitou-Charentes et François Bayrou était astreint à assister impuissant à l’hémorragie de son MoDem.

Ce duo, qui avait failli provoquer une grande reconfiguration de la vie politique française, était presque tombé dans l’oubli. Et alors que Ségolène Royal n’avait plus que les primaires annoncées du parti socialiste pour pouvoir encore exister, François Bayrou n’avait que ses immenses souvenirs à ruminer.

Jusqu’à ce que ces deux anciennes étoiles finissent par réapparaître. Et c’est François Bayrou qui avait donné le ton. La chronique politique ne bruit que de sa prochaine réconciliation avec Nicolas Sarkozy dont il était un des plus violents pourfendeurs. Lors de récentes interviews, François Bayrou a clairement abandonné la dent dure qui le caractérisait quand il s’agissait d’évaluer la gouvernance de Nicolas Sarkozy. Il vient implicitement d’accepter la main tendue par l’Elysée. Même s’il sait que le président de la république n’a pas décidé de lui tendre cette perche uniquement pour la beauté de ses idées scintillantes, mais parce qu’il rencontre un problème encore plus sournois avec un autre centriste au gouvernement. Il s’agit d’Hervé Morin, ministre de la défense qui donne quelques migraines aux stratèges de l’Elysée et qui menace d’être candidat indépendant à la prochaine présidentielle.

Dans le cas de Ségolène Royal, alors qu’elle campait le rôle de la candidate naturelle à tout défi socialiste, certaine qu’elle remporterait toutes sortes de primaires, la voilà qui change de tonalité et se dit prête à jouer collectif et à sacrifier son ambition personnelle pour faire gagner sa famille politique. Un langage inédit dans la bouche de celle qui a construit sa fortune politique sur son divorce avec l’appareil socialiste.

C’est qu’entre temps deux éléments majeurs sont passés par là : Le premier est la réapparition de Dominique Strauss Kahn comme possible recours sérieux des socialistes. Le second est le constat que Martine Aubry, notamment grâce à son réquisitoire percutant contre Nicolas Sarkozy, est loin de rebuter les foules.

(Pour Atlasinfo et Aujourd’hui le Maroc)

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