Réunis à Ryad, les pétromonarchies du Golfe appellent à préserver leur regroupement régional

Les six pétromonarchies arabes du Golfe ont clôturé à Ryad les travaux de leur 39e sommet annuel par un appel à préserver l’existence de leur regroupement régional, sans faire allusion à la crise interne qui oppose certains de ses membres au Qatar.

La réunion du Conseil de coopération du Golfe (CCG) s’est tenue dimanche dans un contexte de crises multiples: dispute persistante avec le Qatar, guerre au Yémen et affaire Khashoggi, du nom du journaliste tué au consulat saoudien d’Istanbul.

Malgré l’invitation qui lui avait été transmise, l’émir du Qatar cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani n’est pas venu à Ryad. Le Qatar était représenté par le numéro deux de sa diplomatie, le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Sultan al-Merrikhi.

Le communiqué final de la réunion appelle "à préserver la puissance, l’unité et la force du CCG", sans évoquer la crise avec le Qatar.

Un porte-parole des Affaires étrangères du Qatar, Ahmad ben Saïd al-Remihi, a dénoncé sur Twitter "un communiqué final qui n’évoque pas le blocus imposé au Qatar et les moyens de le régler", appelant les pays du Golfe à "s’attaquer aux vrais problèmes du CCG".

Ce petit mais richissime pays reste ostracisé par ses puissants voisins que sont l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, qui l’accusent de soutenir des groupes islamistes radicaux –ce que Doha dément– et de leur préférer l’Iran.

"Les frères au Qatar savent ce qu’il faut faire pour redevenir membre actif du CCG", a affirmé en conférence de presse à la clôture du sommet de Ryad le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir.

A l’ouverture du sommet, le roi Salmane d’Arabie saoudite avait défendu la nécessité de "préserver" le CCG. Il a accusé l’Iran de "continuer à s’ingérer dans les affaires des pays de la région".

"Solution politique" au Yémen

Le roi Salmane a aussi défendu l’intervention menée par son pays au Yémen depuis 2015 et souhaité une "solution politique" dans ce pays ravagé par la guerre, comme en Syrie.

De son côté, l’émir de Koweït, cheikh Sabah al-Ahmed al-Sabah, qui a tenté une médiation entre le Qatar et ses voisins, a appelé à contenir cette crise, la plus grave de l’histoire du CCG.

Il a invité à "mettre fin aux campagnes de presse ayant semé la discorde (entre les peuples de la région) pour préparer le terrain à une réconciliation".

Dans son communiqué final, le sommet a salué la médiation du Koweït et affirmé son "soutien à ces efforts et à leur poursuite." Koweït et Oman (également membre du CCG) sont restés à l’écart de la dispute.

En juin 2017, l’Arabie saoudite, les Emirats, le Bahreïn –un autre membre du CCG– et l’Egypte ont rompu tout lien avec Doha et ces quatre pays ne semblent pas prêts à desserrer l’étau autour de l’émirat gazier.

Ryad sous pression

Le sommet du CCG s’est tenu alors que les belligérants yéménites sont réunis en Suède sous les auspices des Nations unies pour trouver une issue à la guerre qui ravage depuis 2015 le Yémen.

L’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis sont concernés en premier lieu par ce conflit, étant les piliers de la coalition militaire contre les rebelles Houthis, alliés à l’Iran.

Les pourparlers en Suède n’auraient pas pu se tenir si Ryad n’avait pas encouragé son allié, le gouvernement yéménite du président Abd Rabbo Mansour Hadi, reconnu par la communauté internationale, à s’y rendre.

Les images de dévastation provoquée par les raids aériens de la coalition menée par l’Arabie saoudite au Yémen et celles de la crise humanitaire, décrite comme la pire au monde par l’ONU, ont convaincu les grandes puissances de la nécessité d’accélérer un règlement du conflit.

Dans son communiqué final, le CCG a affirmé son soutien aux efforts de l’émissaire de l’ONU pour le Yémen Martin Griffiths pour parvenir à un règlement politique disant espérer des "résultats positifs" aux pouparlers en Suède.

L’Arabie saoudite reste également sous pression, empêtrée dans l’affaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, tué dans le consulat de son pays début octobre à Istanbul.

Ce meurtre d’abord nié puis reconnu par Ryad embarrasse au plus haut niveau le royaume, d’autant plus que la responsabilité du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a été évoquée dans cette affaire en Turquie et aux Etats-Unis.

A ce propos, le sommet du CCG a affirmé son soutien à Ryad exprimant "son refus catégorique de toute atteinte à la souveraineté de l’Arabie saoudite, à sa stabilité et sa sécurité".

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