Réunion au sommet à l’OIAC, la première depuis le renforcement de l’organisation

Une réunion au sommet s’ouvre à partir de lundi à La Haye, les grandes puissances mondiales se rassemblant à l’occasion de la 23e Conférence des Etats Parties de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).

Il s’agit de la première conférence du genre depuis qu’une majorité des 193 Etats membres a voté en faveur du renforcement des pouvoirs de l’OIAC en juin, l’autorisant à désigner l’auteur d’une attaque chimique et non plus seulement à documenter l’utilisation d’une telle arme.

L’organisation peut désormais attribuer la responsabilité de futures attaques chimiques partout dans le monde, à condition que le pays sur le territoire duquel s’est produit l’incident le demande.

Une décision poussée par la multiplication du recours à l’arme chimique, malgré une vive opposition de la part de l’Iran, de la Syrie et de la Russie, qui avait alors comparé l’OIAC à un Titanic "en train de couler".

Attaques chimiques répétées en Syrie depuis 2013, ex-agent russe empoisonné à l’agent innervant Novitchok en mars en Angleterre, empoisonnement au VX du demi-frère du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un en Malaisie en 2017: le rôle de l’organisation s’est considérablement étendu ces dernières années.

En avril, les autorités néerlandaises ont appréhendé et expulsé quatre agents russes qui préparaient une cyberattaque visant le siège de l’OIAC à La Haye, peu après la tentative d’empoisonnement de l’ex-agent russe Sergueï Skripal à Salisbury, pour laquelle Londres accuse Moscou qui dément toute responsabilité.

A quelques jours de la réunion clé de l’organisation, son nouveau directeur général, Fernando Arias, avait reconnu que l’OIAC traverse une "période difficile" après une série d’attaques.

Cependant, "le sentiment général des Etats membres est que l’OIAC est plus nécessaire que jamais", avait estimé l’ancien diplomate espagnol lors d’un entretien à l’AFP.

M. Arias, qui est entré en fonction fin juillet, prononcera le discours d’ouverture de la conférence lundi, au cours de laquelle les Etats membres, dont la Russie, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France, débattront de la mise en oeuvre des nouveaux pouvoirs accordés à l’OIAC.

Des "années de succès"

Lauréate du prix Nobel de la Paix en 2013, l’organisation est chargée de superviser l’application de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC), qui interdit la production et le stockage d’armes chimiques.

L’OIAC affirme avoir contribué à éliminer 96 % des stocks mondiaux déclarés d’armes chimiques depuis son entrée en vigueur en 1997.

"L’objectif principal est de consolider l’organisation et de penser que plus de 21 années de succès doivent être préservées", avait indiqué M. Arias.

Lors de la conférence, l’OIAC devra notamment faire face à des discussions houleuses au sujet d’une nouvelle équipe d’enquête, chargée de désigner les responsables des attaques en Syrie et dont les travaux devraient commencer au début de l’année prochaine.

Selon Fernando Arias, l’organisation est en train de mettre en place une "mission de réponse rapide" pour tout recours à l’arme chimique dans le monde ainsi qu’une "très petite mais très forte équipe" d’attribution pour la Syrie.

Composée d’une dizaine de membres, l’équipe a pour objectif de désigner les responsables des attaques chimiques perpétrées en Syrie depuis 2013.

L’OIAC doit bientôt publier un rapport complet sur l’attaque commise dans la ville syrienne de Douma en avril. Des résultats préliminaires avaient indiqué un possible recours au chlore mais pas l’usage de gaz innervant.

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