Reprise prévue dimanche au Soudan des discussions sur la transition

Les discussions entre le Conseil militaire au pouvoir au Soudan et les leaders de la contestations doivent reprendre dimanche à Khartoum où les islamistes ont appelé à manifester samedi contre un abandon éventuel de la charia.

Les représentants de la mouvance islamiste ne font pas partie des forces politiques rassemblées au sein de l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, qui négocient avec les militaires les contours de la période de transition, après la chute du président Omar el-Béchir le 11 avril.

"Le Conseil militaire annonce la reprise dimanche des discussions avec l’ALC au palais présidentiel", a indiqué l’armée.

Cette dernière avait suspendu mercredi soir le dialogue avec les meneurs de la contestation au sujet de la transition politique en réclamant la levée des barricades installées par les protestataires à Khartoum.

Des manifestants les ont démantelées vendredi mais ont menacé de les rétablir si les généraux ne reprenaient pas les négociations.

Les deux parties doivent désormais s’entendre sur la composition d’un Conseil souverain, institution-clé de la transition. Les militaires veulent qu’il comprenne une majorité des leurs tandis que l’ALC exige qu’elle soit dominée par les civils.

La communauté internationale appelle à une "reprise immédiate des pourparlers" pour parvenir à une transition "vraiment dirigée par les civils", a déclaré vendredi sur Twitter un haut responsable américain au terme d’une réunion à Washington.

Le secrétaire d’Etat américain adjoint chargé de l’Afrique Tibor Nagy a réuni des représentants de l’Union africaine, de l’ONU, de l’Union européenne, de la France, de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de la Norvège "afin de coordonner les efforts pour encourager" les parties "à trouver un accord le plus rapidement possible sur un gouvernement intérimaire" qui soit "le reflet de la volonté des Soudanais".

Composée de forces de tendance laïque qui vont du Parti communiste aux nationalistes arabes en passant par les courants du Baath arabe, l’ALC ne comprend pas les islamistes qui avaient soutenu le coup d’Etat de 1989 par lequel Omar el-Béchir était arrivé au pouvoir.

Discrets depuis le 11 avril, les islamistes ont appelé à une manifestation samedi à Khartoum pour dire non à un éventuel abandon de la charia –voulu par l’ALC– et au processus politique visant à transférer le pouvoir aux civils, proches des laïcs.

Ces deux éventualités ouvriraient les "portes de l’enfer pour le Soudan", a averti l’un des leaders de cette mouvance qui a soutenu Omar el-Béchir pendant 30 ans et qui se sent aujourd’hui marginalisée.

Les islamistes ont invité leurs partisans à se rassembler en début de soirée après l’iftar, le repas de rupture du jeûne musulman du ramadan, près du palais présidentiel dans le centre de Khartoum.

Cette manifestation "sera une mobilisation contre la nouvelle dictature civile parce que l’ALC a volé la révolution", a déclaré à l’AFP Al-Tayeb Moustafa, chef d’un groupe d’environ 20 mouvements islamistes.

Le Conseil militaire lui-même avait reproché à l’ALC de ne pas avoir fait référence à la charia comme source de la législation dans ses propositions sur la période de transition.

L’ALC avait répliqué en qualifiant cette question de secondaire et en estimant qu’elle pourrait être discutée après la période de transition.

Le régime du président déchu appliquait la charia, ce qui avait donné lieu, selon les défenseurs des droits humains, à des abus comme la flagellation de femmes pour "comportement indécent".

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