Régionales: Sarkozy « joue gros » à un an de la primaire de la droite

Nicolas Sarkozy, qui misait sur une vague bleue aux régionales, "joue gros" dimanche au second tour, selon nombre d’élus LR et analystes, qui pointent l’échec de sa stratégie d’endiguement du FN et prédisent des débats musclés dès lundi dans la perspective de la primaire de 2016.

"Evidemment, tout dépend du second tour", répète-t-on prudemment de toutes parts. "On peut avoir des surprises dimanche, y compris des bonnes", a affirmé M. Sarkozy mardi devant les députés de son parti.

La guerre n’est pas encore déclarée aux Républicains, mais les dagues sont près de sortir de leur fourreau. "Les résultats sont beaucoup plus mauvais que ce à quoi on s’attendait. On n’a jamais eu une aussi mauvaise élection intermédiaire", s’emporte un important élu LR.

"Le problème général, c’est que la droite n’incarne plus une espérance. Le problème particulier de Sarkozy, c’est qu’il incarne ce défaut d’espérance. En plus, il est l’incarnation de l’éternel retour", soupire le même, sans concession pour le président de sa formation, à qui il reproche également d’être "obsédé par la droitisation" de la France, alors qu’il faudrait au contraire "s’ouvrir pour essayer de ramasser des voix à gauche", dans le nord, le sud-est ou l’est.

Même analyse chez plusieurs politologues. "La magie Sarkozy s’est estompée", affirme Jean-Daniel Lévy (Harris Interactive) pour expliquer le relativement mauvais premier tour de la droite. "Il ne s’est pas renouvelé, il n’y pas dans le public la perception que la droite ferait mieux que la gauche", ajoute M. Lévy, à qui des proches de Sarkozy avaient confié être "sûrs d’être devant le FN au premier tour".

– Persona non grata dans des meetings –

Pour le politologue Philippe Braud, "Sarkozy a eu raison de refuser le front républicain. C’aurait été donner des arguments au FN et à son fameux +UMPS+. Il ne se retire pas, il ne se montre donc pas hostile au FN. Ca ménage l’avenir", ajoute-t-il.

Pas trop hostile au FN, pas trop non plus vis-à-vis de la gauche, dont ont besoin Xavier Bertrand, dans le Nord, et Christian Estrosi, dans le sud, pour espérer gagner: tel est bien le dilemme de Sarkozy, lors de cet entre-deux-tours à hauts risques pour son camp, un an après son retour à la tête de l’UMP.

"La difficulté, c’est que pour gagner, les messages qu’on doit donner selon les régions ne sont pas les mêmes. Dans le Nord, il nous faut les voix de gauche. Dans le Sud, plutôt les voix de droite", décryptait-il devant les députés.

Signe de défiance, le président des Républicains est devenu persona non grata en Ile-de-France où Valérie Pécresse fait face au socialiste Claude Bartolone dans un duel très serré. La candidate LR l’a dit tout net: pas question que Sarkozy, ou tout autre ténor du parti, participe à ses meetings. Idem dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où la venue de M. Sarkozy n’est pas souhaitée "au moment où Xavier Bertrand est en train de récupérer le vote de gauche", selon son entourage.

"Si on a Wauquiez en Auvergne, l’Ile-de-France et Bertrand, on sauve les meubles. Si ce n’est pas le cas, ça va souffler", lâche un responsable Républicain. "Entre deux à six régions, ce n’est pas la même histoire, tout dépend des résultats", renchérit un juppéiste, qui ajoute: "La campagne de la primaire commence dimanche soir".

Dès lundi, il y aura un bureau politique à 11H00, au siège du parti, avec au programme un débat sur la ligne du parti qui promet d’être agité, d’autant que Nicolas Sarkozy envisage de modifier la direction du parti afin d’éteindre toute "contestation".

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