Recensement essentiel de la population de Tindouf pour mettre fin au détournement de l’aide humanitaire (eurodéputés)

Plusieurs parlementaires européens ont appelé, dans une lettre ouverte au Secrétaire général de l’ONU, au recensement de la population des camps de Tindouf dans le sud-ouest algérien, y voyant une première étape pour mettre un terme aux détournements massifs et organisés dont fait l’objet l’aide humanitaire depuis plus de quatre décennies.

"Nous partageons les préoccupations exprimées dans votre dernier rapport sur les conditions pénibles dans lesquelles vivent les populations des camps de Tindouf et nous sommes convaincus que la première étape nécessaire pour apaiser leurs souffrances est l’organisation d’un recensement de leur nombre exact", écrivent à Ban Ki-moon plusieurs eurodéputés des différents groupes politiques au Parlement européen.

Connaitre le nombre exact des populations de Tindouf est particulièrement important à un moment où l’UE et tous les autres grands donateurs d’aide internationale sont confrontés à un nombre sans précédent de crises humanitaires de par le monde qui pèsent lourdement sur leurs budgets, soulignent-ils.

Après avoir rappelé que l’Office européen de lutte anti-fraude (OLAF) a conclu en 2007 que l’absence d’un recensement de la population des camps de Tindouf constitue le facteur le plus déterminant ayant rendu possible le détournement de l’aide humanitaire internationale, les eurodéputés ont souligné que cette situation qui dure depuis quatre décennies est une source de graves préoccupations surtout dans un contexte d’austérité budgétaire.

"En tant qu’élus, il est de notre devoir de nous assurer que notre aide est adaptée aux besoins des camps et profite réellement à l’ensemble des populations de Tindouf", insistent-ils, notant que c’est pour cette raison qu’ils demandent à ce que toutes les parties concernés par le conflit du Sahara permettent l’organisation sans trop tarder d’un recensement de la population des camps de Tindouf.

Les parlementaires européens ont en outre souligné que le conflit du Sahara est une cause de préoccupation pour l’UE, en particulier à la lumière des circonstances difficiles qui prévalent actuellement dans la région du Sahel, relevant qu’en tant que membres du Parlement européen, ils suivent de près les développements de cette question et saluent les efforts inlassables des Nations Unies pour trouver une solution pacifique et négociée à ce long conflit qui dure depuis 40 ans.

"Nous appuyons pleinement les recommandations de votre dernier rapport et saluons également les efforts déployés par le Royaume du Maroc, dans le cadre de l’ambitieux programme de réforme découlant de la Constitution de 2011, pour renforcer la protection des droits de l’Homme dans la région du Sahara, y compris à travers l’ouverture d’antennes du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) à Laayoune et Dakhla", soulignent-ils.

Les eurodéputés se sont également félicités de l’adoption par le Maroc du nouveau Code de la justice militaire et l’adhésion au Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, faisant observer que ces progrès ont été également salués en décembre 2014 par l’UE lors du conseil d’association UE-Maroc ainsi que dans le rapport 2014 sur l’implémentation par le Maroc de ses engagements dans le cadre de l’accord d’association avec l’UE.

"Nous encourageons vivement le Maroc à poursuivre sur cette voie de réformes et nous allons continuer à aider les autorités marocaines dans cette entreprise", ont-ils ajouté, appelant également toutes les autres parties (Algérie et le polisario) d’œuvrer pour trouver une solution négociée au conflit du Sahara, aux conséquences humanitaires graves sur la population des camps de Tindouf et leurs familles.

Un rapport de l’OLAF datant de 2007 et rendu public fin janvier dernier après une intervention du Médiateur européen, relève que seule la partie de l’aide humanitaire internationale permettant aux populations des camps de Tindouf de survivre est distribuée, le reste étant vendu dans des marchés étrangers pour le compte de hauts officiels algériens et des dignitaires du Polisario.

L’OLAF impute ces détournements massifs à la surestimation par l’Algérie et le polisario du nombre de la population de Tindouf et donc des besoins en aides humanitaires.

Pour continuer de tirer profit de la manne humanitaire, l’Algérie et le Front polisario se sont opposés à tout recensement de la population des camps de Tindouf malgré les demandes formelles du HCR en 1977, 2003 et 2005.

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