Que sera l’Algérie sans pétrole ?

Et si les ressources pétrolifères du pays venaient à se tarir ? Un scénario catastrophe qui ne relève pas de la fiction. L’amenuisement des ressources n’est plus un tabou. Des experts réunis par le Forum des chefs d’entreprises (FCE) ouvrent des pistes de réflexion, insistant sur «l’urgence» d’une économie moins dépendante des hydrocarbures.
Nawal Imès – Alger (Le Soir) – Combien de temps l’embellie financière durera-t-elle ? Pendant combien d’années encore l’Algérie pourra dépenser sans compter car reposant sur un épais matelas de réserves de change ? Les experts sont unanimes : il est vital aujourd’hui de sortir de la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures. Dans son analyse, le FCE considère que «la disponibilité d’un volume important de ressources financières procurées par une conjoncture exceptionnellement favorable sur le marché international des hydrocarbures devrait servir en priorité à préparer l’avenir et non à justifier des dépenses inopportunes et inefficaces ». Pour le Forum des chefs d’entreprises, les ressources pétrolières s’assimilent même à un véritable frein à toute réflexion car, estime-t-il, «l’abondance des ressources au présent semble faire écran à l’analyse lucide et à l’urgence absolue à préparer l’économie nationale à des échéances incontournables, celles d’un amenuisement, certes progressif mais inscrit dans les chiffres, des réserves nationales d’hydrocarbures et de la rente qu’elles ont procurée jusqu’à maintenant et qui sert à financer la croissance aussi bien que les besoins les plus essentiels de la population». Parce que pétrole ne rime pas avec toujours, le FCE considère que «l’ouverture la plus large du débat sur l’épuisement inévitable des réserves, jusque-là confiné dans des cercles fermés de politiques ou d’experts, apparaît à ce titre comme une nécessité de tout premier ordre pour l’ensemble des acteurs économiques». Le FCE estime cependant qu’«une forme de désillusion semble frapper les acteurs économiques et que les politiques conduites jusque-là ont mené à l’impasse». S’exprimant à l’ouverture des travaux, Réda Hamiani rappelait «le chemin à parcourir avant de réaliser cette modernisation» et d’ajouter «notre conviction, toujours la même, est que c’est par l’approfondissement des réformes, par la restructuration de l’économie nationale, par la transformation du mode de croissance et l’expansion du secteur privé que nous pourrons réaliser des progrès décisifs dans cette direction ». Le patron du FCE plaide pour la mise de l’entreprise privée au cœur de la politique économique et la valorisation de la ressource humaine pour sortir d’une situation héritée de cinquante années de politiques économiques souvent contradictoires. Abdelmadjid Bouzidi a décortiqué hier le système économique de l’Algérie depuis l’indépendance considérant que l’Algérie avait longtemps constitué une «curiosité», passant d’une politique où l’agriculture devait constituer un moteur de l’économie nationale avant que l’option du tout industriel ne soit prise, mais, estime l’expert, l’ingrédient qui a le plus manqué, c’est la concertation et la démocratie. Au terme du symposium qui durera deux jours, le FCE fera une cinquantaine de propositions pour tenter de faire sortir l’économie algérienne de la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures.

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