Quand le « Washington Post » charge le Qatar

par Mustapha Tossa

Les révélations du journal américain le "Washington Post" sur le financement du Qatar de certains groupes terroristes sur fond de libération d’otages qataris en Irak sont venues relancer la grande accusation lancée par les pays du Golfe contre Doha de couver et de financer des organisations terroristes et qui justifient aux yeux de l’opinion internationale son boycott et sa mise en quarantaine politique et diplomatique.

L’influent journal américain vient de publier des échanges de messages hackés entre l’ambassadeur du Qatar en Irak Zayed ben said Al Khayareen et sa hiérarchie dans lesquels il se plaint du déroulement de cette opération d’échange et des sommes d’argent engagées pour la libération de 25 otages qataris dont certains appartiennent à la famille régnante à Doha. L’ambassadeur donne aussi des détails sur le déroulement de cette opération, les sommes en jeu ainsi que les acteurs qui ont bénéficié de cette juteuse opération de prise d’otages.

Ces révélations montrent une négociation entre l’ambassadeur du Qatar et des groupes qui veulent profiter de cette situation pour s’emparer du maximum d’argent. Dans ses messages, l’ambassadeur décrit ses interlocuteurs de la manière suivante : » « Ils sont tous des voleurs , les Syriens, le Hezbollah libanais, les milices du Hezbollah irakien… tous veulent profiter de l’occasion pour avoir de l’argent et c’est leur occasion »

Dans cette négociation, le Qatar s’est engagé à leur remettre 275 millions de dollars pour libérer les neuf membres de la famille régnante et les 16 citoyens qataris enlevés en Irak pendant une partie de chasse. Et selon les messages révélés par le « Washington Post », l’ampleur de ce contrat destiné à libérer les otages s’élevait à 150 millions de dollars destinés à des groupes intermédiaires dont certains étaient catalogués par l’administration américaine comme des organisations terroristes. Le journal américain précise que parmi ces intermédiaires qui se sont enrichis à travers les négociations de ce contrat digne des grands films d’espionnage se trouvent de membres de milices de la garde révolutionnaire iranienne, du Hezbollah libanais et des groupes miliaires irakiens impliqués dans des attaques contre les forces américaines.

Ces révélations ne montrent pas uniquement que des groupes terroristes ont pu profiter de la manne financière du Qatar pour se renforcer mais plus grave encore il pourrait s’agir dans l’ensemble d’un grand deal dans lequel des pays comme l’Irak, la Turquie ou l’Iran seraient impliqués, dans parler de deux factions de l’opposition syrienne dont la célèbre Front Al Nussra. D’ailleurs l’intervention de ces pays ont donné une autre ampleur à ce contrat qui selon les sources du Washington Post s’élève à un milliard de dollars qui englobe aussi la libération de détenus iraniens en Syrie.

Les documents du Washington Post montrent en effet que de l’argent a été remis à des organisations terroristes par des responsables qataris allant de cinq à cinquante millions de dollars à des responsables iraniens et irakiens. Sans parler de la rondelette somme de 50 millions de dollars remise à une personne nommée Qassem, qui pourrait être Qassem Souleimani, l’iconique patron de la brigade al Quds de la brigade révolutionnaire iranienne. D’autre documents, selon le Washington post, montrent que le Qatar a remis 150 millions de dollars aux brigades du Hezbollah irakien ainsi que dix millions de dollars à un intermédiaire nommé Abou Mohammed Saadi.

Les révélations du Washington post tombent très mal pour la diplomatie du Qatar qui tente de convaincre la communauté internationale qu’elle n’a jamais inscrit son action dans une stratégie de financement des groupes terroristes. Elles révèlent aussi bien les sommes astronomiques en jeu que les organisations bénéficiaires d’une telle manne. Cette affaire qui poursuit le Qatar comme une malédiction donnent un éclairage intéressant sur les voies qu’utilisent certains acteurs de cette crise régionale pour s’enrichir et assoir leurs pouvoirs.

Le Qatar, qui a toujours nié avoir financé des organisations terroristes, est confronté à ces révélations basés sur des enregistrements hackés de son ambassadeur et va devoir s’expliquer sur cette démarche. Et il le fait sous la pression internationale.

Récemment s’est tenu à Paris un sommet sous la houlette d’Emmanuel Macron dont l’objectif est d’assécher les sources du financement du terrorisme. La communauté internationale engagée fermement dans la lutte contre les organisations terroristes voit dans l’assèchement de leurs sources de financement un objectif stratégique indispensable à réaliser pour affaiblir, voire éradiquer les groupes terroristes.

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