Protestations en Kabylie contre « l’impuissance d’Alger » face à la multiplication des enlèvements

Le quotidien français +Le Monde+, daté de jeudi, fait état de « l’impuissance d’Alger » face à la multiplication des enlèvements en Kabylie où les habitants, terrorisés, ont monté mardi une opération « ville morte » pour protester contre ce fléau qui « fait fuir les entrepreneurs et leurs familles ».

Sous le titre "Fronde en Kabylie contre la multiplication des enlèvements et l’impuissance d’Alger", le journal souligne la grande mobilisation des habitants dans le cadre de cette opération, qui intervient après deux nouveaux enlèvements, "deux de trop" portant le nombre total des kidnappings dans la région à 64 en moins de six ans.

Mourad Bilek, 18 ans, a été enlevé le 11 mai à 8 heures du matin, au détour d’un virage, à 10 kilomètres au sud de Tizi Ouzou, la capitale kabyle. Trois jours plus tard, encore plus au sud, à Mechtras, un marbrier de 71 ans a été à son tour kidnappé, juste devant son domicile, à 18 heures.

Face à cette situation, les habitants de la daïra, la sous-préfecture de la région, ont décidé d’une grève générale, alors qu’à Beni Aïssi, Beni Douala, Aït Mahmoud, Beni Zmenzer, les commerçants ont baissé leurs rideaux, les transports se sont arrêtés, les écoles et les administrations ont été fermées, rapporte l’envoyée spéciale du Monde Isabelle Mandraud.

"C’est la première fois qu’il y a une telle mobilisation, nous ne pouvons plus vivre comme ça, dans cette insécurité", s’est indigné le maire de Beni Aïssi, Berchiche Hayouni, au milieu d’une foule rassemblée dans la rue principale de la ville, où des banderoles "Non aux kidnappings" ont été déployées.

Pour l’instant, aucune demande de rançon n’a été encore transmise pour les deux otages, mais personne ne se fait d’illusions, selon la journaliste, spécialiste du Maghreb et du monde arabe, qui estime que les familles paient pour récupérer leurs parents, "même si cela est interdit par la loi".

A mots couverts, on parle de fortes sommes, 100.000 euros, parfois plus, précise-t-elle.

"Après vingt jours, un mois de détention, les otages sont relâchés, sans que l’on sache ce qui s’est passé entre les familles et les ravisseurs", déplore le maire de Beni Aïssi.

Cible de bandes armées et organisées, les entrepreneurs kabyles et leurs familles fuient la région, constate la journaliste, notant qu’un entrepreneur a déjà été tué, mais à deux reprises, "sous la pression populaire, les ravisseurs ont relâché leurs proies, sans argent versé".

S’interrogeant sur l’identité des ravisseurs, l’envoyée spéciale du Monde a fait remarquer que dans cette région de Grande Kabylie désignée comme le fief d’Abdelmalek Droukdal, le chef d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), les attentats sont encore d’actualité, mais "au fond, personne ne sait, ou ne veut dire, qui sont ces bandes armées qui sèment la terreur".

"AQMI? Des bandits? On l’ignore, mais ils agissent toujours à visage découvert. De quelque bord qu’ils viennent, ce sont des terroristes", affirme Belkacem Bilek, frère de l’un des otages qui promet de "mener des actions tous les jours, mais on ne paiera pas".

En juillet 2010, le poste de la gendarmerie de Beni Aïssi a été soufflé par une explosion.

"Le 15 avril, le jour même où le président -Abdelaziz- Bouteflika a annoncé des réformes politiques, des militaires ont été égorgés et leurs tenues emportées", assure un habitant.

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