Procès Mélenchon : place aux réquisitions et plaidoiries

Au lendemain d’une première longue journée d’audience terminée vers 23H00, le parquet prononce ses réquisitions vendredi au procès de Jean-Luc Mélenchon et cinq de ses proches à Bobigny, jugés pour les incidents ayant émaillé la perquisition d’octobre 2018 au siège de LFI.

L’audience a repris à 9h30 avec le début des plaidoiries des avocats des douze parties civiles.

Comme la veille, quelque dizaines de personnes étaient présentes devant le TGI de Bobigny pour apporter leur soutien aux six prévenus. Des militants ont installé une table près du tribunal et offrent le thé et café, a constaté une journaliste de l’AFP.

Poursuivi pour "actes d’intimidation envers un magistrat et un dépositaire de l’autorité publique, rébellion et provocation", M. Mélenchon, qui martèle être victime d’un "procès politique", encourt jusqu’à 10 ans de prison, une amende de 150.000 euros et 5 ans d’inéligibilité.

A l’AFP, l’entourage de Jean-Luc Mélenchon se dit "très content" de la première journée d’audience, qui a "montré le vide du dossier".

Les réquisitions du ministère public sont prévues dans l’après-midi suivies des plaidoiries de la défense. Le jugement sera mis en délibéré.

La première journée du procès a été marquée par la confrontation du leader insoumis avec Me Eric Dupond-Moretti, avocat de plusieurs policiers. M. Mélenchon a raconté son "sentiment d’humiliation" au moment de la perquisition ce 16 octobre, et expliqué sa véhémence d’alors, notamment sa phrase "La République c’est moi", criée à la figure d’un policier en faction.

Il a affirmé n’avoir pas voulu s’opposer à la perquisition mais simplement avoir tenté d’y assister pour s’assurer que le fichier des inscrits à LFI ne soit pas emporté. "J’ai eu l’attitude que j’estimais politiquement nécessaire, car je pensais être la cible d’une attaque politique", a expliqué le patron des députés LFI, qui s’est défendu de toute violence physique.

La perquisition au cœur du procès avait été menée au siège parisien de LFI dans le cadre de deux enquêtes du parquet de Paris: sur les comptes de la campagne présidentielle de 2017 et sur les conditions d’emploi d’assistants d’eurodéputés de LFI, confiées depuis à des juges d’instruction.

– Un policier "marqué" –

Filmant en direct sur Facebook une première perquisition de son domicile, M. Mélenchon avait d’abord dénoncé une "énorme opération de police politique" avant de se rendre avec des proches au siège du mouvement. Devant des caméras, il avait appelé ses proches à "enfoncer la porte" pour entrer dans les locaux. On le voyait également bousculer un représentant du parquet, ainsi qu’un policier qui tentait de s’interposer.

"Vous n’avez pas tous les droits en tant que personne publique", a reproché à l’Insoumis le représentant du ministère public. "Ici, on est dans une enceinte judiciaire, pas devant le tribunal avec des pancartes", a aussi tonné Me Dupond-Moretti, se référant aux dizaines de militants qui avaient manifester le matin devant le bâtiment, et critiquant les longues digressions politiques de M. Mélenchon.

Les cinq autres prévenus, dont les députés LFI Alexis Corbière et Bastien Lachaud et l’eurodéputé Manuel Bompard, ont ensuite été entendus, présentant une défense dans la lignée de celle de leur chef de file. Alexis Corbière a ainsi assumé son attitude lors de la perquisition: "Cette manière de monter le ton peut être apaisante", a-t-il plaidé.

La journée s’est achevée sur le récit des parties civiles. Un policier a ainsi relaté avoir été "marqué par cet événement", après lequel plusieurs agents ont obtenu jusqu’à sept jours d’ITT.

Visiblement fatigué à la sortie de l’audience jeudi, Jean-Luc Mélenchon a dit quelques mots aux médias qui le questionnaient et lâché: "Qui a ouvert la porte, qui a fermé la porte, qui a levé le doigt, qui a parlé fort, moins fort, trop fort… Tu sors abîmé de cette pantalonnade pareille".

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