Présidentielle française : le combat perdu de l’ex-premier ministre Manuel Valls

L’ancien Premier ministre français Manuel Valls a perdu la bataille de la primaire socialiste face à Benoît Hamon malgré ses efforts pour s’imposer comme le seul homme capable de rassembler la gauche en vue de la prochaine présidentielle.

"Sans rancoeur", il a immédiatement appelé les électeurs à soutenir son rival et surtout à rester "mobilisés et vigilants" pour éviter, "sur fond de montée du populisme", que la candidate de l’extrême droite "Marine Le Pen devienne le nouveau visage de la France".

Pendant la campagne, cet homme de 54 ans qui se définit comme un "combattant" n’a pas ménagé ses coups dans l’espoir de convaincre que la victoire était possible dans une présidentielle dominée par la droite et l’extrême droite.

De l’immigration au temps de travail, cet Espagnol naturalisé français à l’âge de vingt ans a toujours joué la carte de la transgression, au risque de cliver. Gauche réaliste contre gauche "utopiste", crédibilité contre illusion, "feuille de paie" contre "feuille d’impôt", celui qui a piloté le virage libéral du gouvernement Hollande revendique ses choix et assume son bilan.

"Il ne s’agit pas seulement de faire rêver, il faut être crédible", a-t-il martelé en mettant en avant son expérience du pouvoir. Ton martial, vocabulaire guerrier, menton volontaire, cet ancien ministre de l’Intérieur aime à marteler que la France est un pays "en guerre", en référence à la vague d’attentats meurtriers qui ont fait plus de 230 morts depuis janvier 2015.

"Il faudra être fort, solide et faire preuve de sang-froid", a-t-il lancé, visiblement ému, en souhaitait "bonne chance" à Benoît Hamon.

Sur le plan politique, ce social-libéral prône rupture et réformimse : "il faut en finir avec la gauche passéiste, celle qui s’attache à un passé révolu et nostalgique", lançait-il en 2014. Dès 2007, il voulait changer le nom du parti socialiste, dépassé selon lui.

Depuis le début de sa campagne, il a subi un jet de farine et pris une gifle, signe des réactions épidermiques qu’il suscite parfois.

Un candidat sur la défensive

Né à Barcelone le 13 août 1962 d’une Suisse italophone et d’un artiste catalan, ce père divorcé de quatre enfants a épousé en 2010 une violoniste, Anne Gravoin : un atout glamour qui lui a ouvert le tout-Paris de la culture.

Après de brèves études d’histoire, il devient assistant parlementaire à 23 ans, puis jeune conseiller du Premier ministre réformateur Michel Rocard (1988-91), puis de Lionel Jospin (1997-2001).

En 2001, il est élu maire d’Evry, ville populaire et métissée au sud de Paris, puis député. Candidat à la primaire socialiste de 2011, il se fait éliminer au premier tour et se rallie au candidat François Hollande avec un rôle actif de porte-parole. Ce qui lui vaut d’être nommé ministre de l’Intérieur, une fois l’élection remportée.

A ce poste, il renforce son image d’homme à poigne, gagnant en popularité, parfois plus à droite qu’à gauche.

Son hyperactivité, sa communication très cadrée, ses ambitions, lui valent d’ailleurs d’être comparé à l’ancien président de droite Nicolas Sarkozy, ce qui l’agace.

Ses yeux bleu métallique, ses réparties sèches, son vocabulaire guerrier, lui confèrent l’image d’un homme crispé, ombrageux.

Après la débâcle socialiste aux municipales de 2014, il remplace le discret Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Les écologistes claquent la porte. Sans concession, il applique fidèlement la nouvelle ligne "pro-business" du président Hollande et, au nom de la laïcité, soutient l’interdiction du "burkini" prônée par des maires de droite.

Pendant la primaire, il est souvent apparu sur la défensive, coincé entre sa volonté affichée de changement et la nécessité de défendre son bilan à la tête du gouvernement. Dans son camp, certains l’ont surnommé "Brutus", l’accusant d’avoir poussé l’impopulaire président Hollande à renoncer à briguer un deuxième mandat.

(Source AFP)

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