Présidentielle en Algérie : un candidat déclaré veut « rompre avec l’autoritarisme »

Un général à la retraite, Ali Ghediri, candidat déclaré à la présidentielle du 18 avril en Algérie, a affirmé dimanche vouloir « défier » l’actuel « système rentier et clientéliste » et « rompre avec l’autoritarisme ».

Largement inconnu en Algérie jusqu’à ces dernières semaines et sans passé politique, Ali Ghediri, 64 ans, qui fut responsable des ressources humaines au ministère de la Défense jusqu’à sa retraite en 2015, a publié depuis novembre plusieurs tribunes dans la presse qui ont suscité des débats.

Mi-janvier, il a été le premier, après le décret convoquant la présidentielle, à annoncer publiquement sa volonté de se présenter.

Mais il n’a pas encore déposé le dossier officiel qui doit comporter 600 parrainages d’élus ou 60.000 parrainages d’électeurs, de plus de la moitié des wilayas (régions administratives) du pays. Il a refusé dimanche, lors d’une conférence organisée par le quotidien francophone Liberté, de s’exprimer sur ce point et sur l’origine du financement de sa campagne.

Aucun parti ou personnalité politique n’a pour l’heure annoncé le soutenir.

Ali Ghediri a affirmé vouloir "édifier une 2e République" afin de "rompre avec l’autoritarisme et le système rentier et clientéliste", ainsi qu’avec "l’économie de la rente et avec la dépendance aux hydrocarbures" de l’économie algérienne, sérieusement affectée par la baisse des cours depuis 2014.

Mais, "le problème de l’Algérie est politique, pas économique. L’origine de tous les maux est la corruption politique", a-t-il estimé.

Pressé depuis plusieurs mois par son camp de se présenter, le président Abdelaziz Bouteflika, 81 ans et au pouvoir depuis 1999, n’a pas encore fait part de ses intentions.

"Si M. Bouteflika décide de se présenter, je l’affronterai en tant que citoyen, fermement", a affirmé le général Ghediri.

Les candidats ont jusqu’au 3 mars à minuit (23H00 GMT) pour déposer leur dossier au Conseil constitutionnel qui statuera sur sa validité.

Dans une tribune publiée en novembre dans la presse, le général Ghediri avait appelé les anciens combattants de la guerre d’indépendance à convaincre "une minorité, se prévalant de leur appartenance à cette honorable génération" de renoncer à tenter de "perpétuer" son règne au pouvoir.

Le Front de libération nationale (FLN), issu de la guerre contre le pouvoir colonial français (1954-1962), dirige l’Algérie depuis l’indépendance.

Dans une autre tribune, le général Ghediri avait demandé au président Bouteflika de ne pas être "un obstacle au changement".

Principal adversaire du chef de l’Etat lors des élections présidentielles de 2004 et 2014, où il avait recueilli 6,4 et 12,3% des voix, Ali Benflis, a dit vouloir se présenter tout en laissant la décision finale à l’Avant-Garde des Libertés, son parti.

Ancien secrétaire général du FLN (2001-2003) et ancien Premier ministre de M. Bouteflika (2000-2003), M. Benflis devra être parrainé par des électeurs, son parti ne disposant pas du nombre d’élus nécessaires.

Le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), principal parti islamiste qui s’est détaché de la coalition soutenant M. Bouteflika à laquelle il appartenait, a décidé samedi de présenter son président Abderrazak Makri. Le MSP dispose du nombre d’élus nécessaires pour parrainer sa candidature.

Plus ancien parti d’opposition d’Algérie, le Front des Forces socialistes (FFS), a de son côté appelé les Algériens "à boycotter massivement" le scrutin.

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