Présidentielle France: Tout sauf les extrêmes

A quelques jours du premier tour de cette présidentielle française, l’écart se resserre dangereusement entre les candidats. Plus personne ne caracole en tête et même ceux qui traînent en fin de queue peuvent créer des surprises. Un seul fait est indéniable. Le réservoir des indécis est dense et détient la clef de cette présidentielle unique dans son genre, inédite dans son rythme. La France est aujourd’hui mondialement regardée comme un pays où une force extrémiste peut rafler la pouvoir et s’installer au cœur du système.

Par Mustapha Tossa

L’hypothèse d’une possible confrontation entre l’extrême droite et l’extrême gauche n’est plus aujourd’hui cette vue impossible pour esprits en mal de sensations. Elle est une probable réalité que reflète les minces écarts dans les sondages et les incertitudes que cela implique. Aujourd’hui, cette présidentielle offre l’Allure d’une course à quatre visages.

D’abord Marine Le Pen qui s’est distinguée par une permanence de son socle qui lui garantie aux yeux de beaucoup une place en finale. Elle vient de faire l’objet d’un autres scandale. La justice française a demandé la levée de son immunité parlementaire pour pouvoir l’entendre dans des affaires de détournement d’argent européen public. Mais elle n’en a cure. Marine Le Pen est convaincue que son heure est arrivée. L’extrême droite longtemps ostracisées est portée aujourd’hui par des vents populistes à l’échelle mondiale. La bourde qu’elle vient de commettre sur la rafle du Veld’hiv a permis à certains de faire craqueler le maquillage de la diabolisation qu’elle avait entamé après avoir exclu son père. Mais la question n’est pas de savoir si son électorat lui tiendra rigueur, elle dispose d’un socle de fidèles prêts lui passer tous les caprices mais surtout de savoir si ceux qui sont tentés de la rejoindre ne réfléchiront pas deux fois avant de la sacrer présidente de la république.

Ensuite, Emmanuel Macron, présenté par ses adversaires comme l’héritier invisible, voire le fils légitime de François Hollande, il a su s’imposer avec une hallucinante vitesse comme un homme neuf qui dispose d’un projet et d’une machine électorale. Par une stratégie rodée dans les écoles du marketing, il a su jeter son dévolu sur le centre à la recherche d’un leader, sur une partie de la droite qui se reconnaît dans son libéralisme et une partie de la gauche du gouvernement qui loue son sens des responsabilités. Longtemps, une question des plus mortelles a été posée à son encontre : s’agit-il du reflet d’un vrai phénomène politique qui renseigne sur un désir de changement et de renouvellement? Où s’agit-il simplement d’une bulle artificielle sans profondeur sociale qui risque de s’évaporer à la moindre bourrasque ?

Dans le quarteron de tête, la grande surprise est Jean Luc Mélenchon, l’icône médiatique et tribun talentueux de l’extrême gauche. L’homme a su avec talent et opportunisme cannibaliser l’électorat du Parti socialiste mené par Benoit Hamon. Les multiples trahisons et autres coups de poignards plantés par ses amis socialistes dans le dos de Hamon ont été autant de facteurs encourageants à cette hémorragie vers Jean Luc Mélenchon. La gauche rêveuse, la gauche romantique, la gauche castratrice, a trouvé son héros et son emblème. Même porteur d’un projet des plus dures à réaliser, il trouve la force de séduire un nombre consistant de voix des Français prêt le suivre dans son aventure.

Et puis il y a François Fillon. Les derniers sondages l’ont spectaculairement dégradé à la quatrième place, derrière Jean Luc Mélenchon. Il paie le prix fort de cette série de scandales qui ont plombé sa campagne et détruit son indice de moralité et crédibilité. Pour François Fillon, S’il a chuté devant ce qui était décrit comme un boulevard devant lui, c’est bien entendu à cause des multiples effets de déflagrations du Pénélopegate, mais aussi à cause d’un facteur moins bien discuté. C’est le manque de passion et d’empathie des chefs de sa propre famille politique qui se sont résignés à sa défaite. Nicolas Sarkozy par Facebook et Alain Juppé par Twitter se sont limités au strict minimum. Pas de meeting en commun, pas de photos de famille. François Fillon sent le souffre et l’opinion française le ressent et cela se traduit dans le rétrécissement des soutiens du candidat des républicains.

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