Poutine en Arabie saoudite : l’Iran et le pétrole omniprésents

Vladimir Poutine est arrivé lundi en Arabie saoudite pour sceller l’entente sur le pétrole entre Moscou et Ryad, mais il tentera aussi d’user de son influence pour réduire les tensions dans le Golfe entre Ryad et Téhéran.

Le dirigeant russe, dont l’avion a atterri à l’aéroport de Ryad vers 10H35 GMT, a été salué par des tirs de canon en son honneur.

Une réception solennelle sera donnée par le roi Salmane avant les entretiens des deux dirigeants, selon le Kremlin.

L’Arabie saoudite, chef de file de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), et la Russie, bien que non membre du groupe, coopèrent étroitement ces dernières années pour limiter l’offre de l’or noir et tenter d’en faire remonter le prix.

La dernière prolongation des réductions de la production, décidée par 24 Etats producteurs de pétrole, expire fin mars 2020. La thématique s’impose donc comme "le principal sujet de discussions" entre Poutine, le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane, selon l’analyste politique russe Fiodor Loukianov.

D’autant que Moscou et Ryad, allié traditionnel des Etats-Unis, ont affiché ces dernières années un rapprochement spectaculaire, marqué notamment par une visite en Russie du roi Salmane en octobre 2017, la première dans l’histoire.

Un an plus tard, alors que Mohammed ben Salmane était sous le feu de critiques après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en Turquie, Vladimir Poutine a salué le prince héritier saoudien d’une poignée de main enthousiaste et très remarquée devant les dirigeants du G20.

"Nous allons absolument travailler avec l’Arabie saoudite et avec nos autres partenaires et amis dans le monde arabe (…) pour réduire à zéro toute tentative de déstabiliser le marché" pétrolier, a assuré M. Poutine, dans un entretien à des chaînes de télévision arabophones –diffusée dimanche à la veille de sa visite– en faisant l’éloge de "ses très bonnes relations avec le roi, comme avec le prince héritier".

– Moscou "pacificateur" –

Forte de ces relations et en même temps alliée à l’Iran, ennemi juré du royaume, Moscou pourrait donc chercher à "jouer le rôle de pacificateur" dans les tensions irano-saoudiennes, selon M. Loukianov.

Ce conflit ne cesse de s’aggraver, notamment depuis les attaques ayant visé des installations pétrolières saoudiennes en septembre. Celles-ci ont été revendiquées par les rebelles Houthis du Yémen, soutenus par Téhéran, que combat une alliance militaire menée par l’Arabie.

Mais Ryad et Washington ont mis en cause l’Iran, quand Téhéran niait toute implication et mettait en garde contre une "guerre totale" en cas d’attaque sur son territoire.

Ne prenant pas partie, la Russie a réagi en proposant des missiles à Ryad pour se défendre, tout en balayant les "conclusions hâtives" visant l’Iran.

"Une puissance aussi grande que l’Iran ne peut pas ne pas avoir ses propres intérêts (…), et il faut les respecter", a insisté M. Poutine, dans son entretien aux chaînes arabophones.

"En ce qui concerne la Russie, nous allons tout faire pour créer les conditions nécessaires pour une dynamique positive" visant à calmer les tensions, a-t-il souligné.

– La Syrie aussi –

En Syrie, les Russes, alliés au régime de Bachar al-Assad et à l’Iran, et les Saoudiens, qui soutiennent l’opposition, sont dans des camps opposés, mais ce conflit sera néanmoins à l’agenda des discussions de Vladimir Poutine avec les dirigeants saoudiens, a indiqué le conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov.

D’autant que l’offensive turque contre les milices kurdes et le retrait américain peuvent rabattre un certain nombre de cartes.

"Il est important pour la Russie qu’un pays arabe participe au règlement politique en Syrie", explique Fiodor Loukianov, car jusqu’ici "seuls trois pays non-arabes" sont impliqués, la Turquie, la Russie et l’Iran.

Enfin, la visite doit donner lieu à une trentaine d’accords et contrats, dont une dizaine dans les secteurs des hautes technologies –notamment de l’intelligence artificielle, de l’énergie et de l’infrastructure– pour un montant de plus de deux milliards de dollars.

En octobre 2017, la Russie et l’Arabie saoudite avaient aussi signé un protocole d’accord ouvrant la voie à l’achat par Ryad des S-400, de puissants systèmes de missiles antiaériens russes.

Cette transaction ne s’est pourtant jamais concrétisée, le royaume ayant opté finalement pour l’achat du système américain.

Après l’Arabie saoudite, Vladimir Poutine se rendra mardi aux Emirats arabes unis pour s’y entretenir notamment avec le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed Al-Nahyane.

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