Portes ouvertes à la mosquée de Finsbury en Grande-Bretagne

Quoi de plus britannique que de recevoir ses voisins autour d’une tasse de thé et de quelques biscuits? C’est ainsi qu’étaient accueillis les curieux franchissant dimanche les portes de la mosquée londonienne de Finsbury Park réputée dans un passé récent pour ses prêches enflammés.

"Entrez, entrez, soyez les bienvenus", répète Mohammed Ali Said, un médecin à la retraite, à chaque nouveau visiteur entrant dans ce lieu de prières qui fut l’un des centres du "Londonistan" — mouvance islamiste installée dans la capitale britannique dans les années 1990 et au début des années 2000.

Le vieil homme au regard doux fait partie des volontaires qui organisent la journée portes ouvertes, dans le cadre de l’initiative du Conseil des musulmans du Royaume-Uni (MCB), trois semaines après les attentats de Paris.

Outre une tasse de thé, les visiteurs, regroupés dans une grande salle polyvalente, se voient proposer des traductions anglaises du Coran et la lecture de panneaux d’informations sur la religion musulmane et son histoire.

Une fois qu’une bonne vingtaine de personnes sont arrivées, le docteur Said leur propose une visite des lieux, demandant gentiment à chacun de se déchausser. Dans la salle de prière au premier étage, il dispose quelques chaises et commence son explication des cinq piliers de l’islam – la profession de foi, la prière, le jeûne, l’aumône et le pèlerinage à La Mecque.

"Nous n’avons pas de bombes ici, je vous laisserai vérifier après", plaisante-t-il, déclenchant les rires de son audience très diverse — des Britanniques de tous âges, un jeune couple de Catalans, une étudiante qui rédige une thèse sur l’islam… "Cette mosquée a une histoire sulfureuse, mais nous y avons remédié", assure-t-il.

Cela fait maintenant plus de dix ans que les prêches radicaux d’Abou Ramza ne résonnent plus dans les murs de cette mosquée, dont il a perdu le contrôle en 2003 avant d’être condamné au Royaume-Uni puis extradé aux Etats-Unis, où il vient de se voir infliger une peine de prison à perpétuité.

"Il y a dix ans, c’était différent. Depuis, nous avons travaillé sans relâche pour ouvrir notre centre, notre mosquée et nos activités au public", abonde Khalid Oumar, l’un des administrateurs de la mosquée.

"Il y avait de nombreuses craintes autour de cette mosquée dans le passé et c’est vraiment agréable d’apprendre ce qu’ils ont fait et de rencontrer les gens individuellement", juge Annalou Oakland, une artiste qui vit à proximité de l’édifice religieux, mais n’y avait jamais mis les pieds.

Amanda Delamer, une Irlandaise, âgée de 56 ans, de passage à Londres, apprécie également le caractère "très constructif" de cette démarche qui "encourage le dialogue et l’échange d’informations" et vise à débarrasser les gens de leurs préjugés.

— Ambiance très paisible —

"Il y a beaucoup de désinformation. Il est tellement facile d’avoir une mauvaise impression avec ce qui s’est passé à Paris, avec l’EI (l’organisation de l’Etat islamique) et avec l’immigration", abonde Mireia Borrell, 29 ans, une Espagnole de Catalogne qui vit à Londres depuis près de cinq ans.

A mesure que la journée avance, les visiteurs deviennent de plus en plus nombreux et la mosquée se remplit de rires d’enfants et de discussions théologiques.

"Tout s’est déroulé dans une ambiance très très paisible, très familiale, très sympathique", raconte Nabil Alex Robbins, un professeur de français britannique, âgé de 34 ans, qui fait partie des volontaires de la mosquée et qui s’est converti à l’islam.

"Il y a beaucoup de non-musulmans qui ont très peu de connaissances de l’islam et au lieu de les rendre responsables de cette absence de savoir, c’est aussi à nous de jouer un rôle dans la transmission de ce message, qui est un message de paix pour toute l’humanité", dit-il.

Au total, une vingtaine de mosquées sur les quelque 1.700 que compte le pays devaient s’associer à l’opération décidée dans la foulée des attentats du mois dernier à Paris qui ont fait 17 morts.

Le secrétaire général de la mosquée de Finsbury Park, Mohammed Kozbar, a fait savoir que l’établissement avait peu après reçu plusieurs lettres et courriels de menaces.

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