Point de vue sur le remaniement du gouvernement algérien

Le 11 septembre 2013, un communiqué laconique de la Présidence algérienne annonce que le Président algérien a procédé à un important remaniement du gouvernement.

A la lecture de la liste de la nouvelle équipe gouvernementale, on constate que ce remaniement est d’une grande ampleur. 13 ministres, dont tous les détenteurs des ministères régaliens quittent leur maroquin.

On constate également que des proches du Président Bouteflika ont été nommés à des postes stratégiques, notamment à l’Intérieur, à la Justice et à la Défense.

Le premier, dirigé par Tayeb Belaiz, aura pour charge d’organiser les présidentielles et de reconstituer le «système Zerhouni» au sein de son département.

Quant au second, dirigé par Tayeb Louh, sa principale mission sera d’étouffer les affaires de corruption, dont celle de la Sonatrach, d’assurer l’impunité aux amis du cercle présidentiel mais aussi relancer la répression des adversaires en collaboration avec son collègue de l’Intérieur.

Il est à noter que ce remaniement gouvernemental survient après des changements opérés au sein du Département de Renseignements et de Sécurité (DRS), auquel la presse prête le pouvoir de donner le feu vert à toute nomination ainsi que des ajustements opérés au sein de l’armée.

Face à tous ces bouleversements majeurs sur la scène intérieure algérienne, une question légitime se pose : Qui est l’artisan de tous ces changements ? Bouteflika, son propre entourage qui aurait repris la main ou l’armée ?

Il est vrai qu’avec tous les changements au sein du FLN et les ajustements opérés au sein de l’armée, le Président Bouteflika vient de mettre en place un dispositif lui permettant d’avoir le contrôle total sur la prochaine présidentielle.

Or, les graves problèmes de santé de Bouteflika ont fragilisé l’hypothèse d’un quatrième mandat, voulu par ses partisans et il est donc pratiquement acquis qu’il ne se représentera pas en 2014.

Aussi, devant cette donne, on peut affirmer que les dernières initiatives du Président algérien peuvent traduire sa volonté de peser sur le choix de son successeur en 2014 en le verouillant par le contrôle du FLN, par la diminution des pouvoirs du Général Médiene, le tout puissant patron des Services algériens, le renforçement de ceux du Chef d’Etat-Major de l’armée algérienne, le Général Ahmed Gaïd Salah, et la nomination de proches à tous les postes stratégiques du gouvernement.

Mais au regard de l’état de santé précaire du Président Bouteflika, il semble extrêment peu probable que tous ces chamboulements sur la scène intérieure algérienne soient de sa propre initiative.

Le Chef de l’Etat algérien n’est plus apte physiquement et intellectuellement à prendre de si importantes décisions.

Donc, il est pratiquement sûr que l’artisan de tous ces chamboulements soit une partie de l’armée, avec à sa tête le Général Ahmed Gaïd Salah, qui a réussi le tour de force de diminuer les pouvoir du Général Médiene en l’amputant de trois importantes directions à savoir l’information, la sécurité de l’armée et certains pouvoirs de police judiciaire qui se retrouvent sous sa coupe.

Un coup de force qu’il a pu réussir avec la complicité du frère du Président Bouteflika, Saïd, Conseiller à la Présidence de son état.

Au final, il est exclu de penser que le Chef de l’Etat algérien ai repris en main les affaires du pays, mais d’affirmer plutôt que son entourage proche et une partie de l’armée viennent de s’accaparer le pouvoir afin de préparer la présidentielle de 2014 à leur seul avantage.

D’où la seconde question qui se pose logiquement. Quelle sera la réaction de l’autre partie de l’armée, du Général Médiene et des laissés pour compte du FLN ?

Autre question : assisterons-nous à un nouveau «banquet des loups» pour la présidentielle algérienne programmée pour 2014 ?

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