Plusieurs pays européens traquent un stock de viande frauduleuse importée de Pologne

Plusieurs pays de l’Union européenne, dont la France, s’efforçaient vendredi de localiser, pour la détruire et en empêcher la consommation, de la viande de boeuf frauduleuse en provenance de Pologne, dont près de trois tonnes ont été exportées dans l’Union européenne.

Varsovie affirme que la viande, issu de l’abattage illégal de bêtes potentiellement malades, révélé par le reportage d’une télévision polonaise, ne présente pas de risque pour la santé des consommateurs.

Mais en France notamment, les services sanitaires ont découvert près de 800 kg de cette viande frauduleuse, a annoncé vendredi le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume, estimant que les entreprises françaises avaient été "dupées".

Si environ 500 kg ont été récupérés et détruits, 150 kg "ont été vendus au consommateur via notamment des boucheries", a indiqué vendredi soir le ministère. Les services sanitaires français recherchent encore les 150 kg restants.

L’émotion en France est d’autant plus grande que s’y déroule actuellement le procès des "lasagnes au cheval", une fraude portant sur 500 tonnes de viande de cheval, achetée notamment en Roumanie via les Pays-Bas et vendue frauduleusement comme étant du boeuf par une entreprise française.

Cette fois, ce sont au total 2,7 tonnes de viande polonaise provenant d’un abattoir du village de Kalinowo qui ont été exportées vers 13 pays (Allemagne, Finlande, Hongrie, Estonie, Roumanie, Suède, France, Espagne, Lettonie, Lituanie, Portugal, Slovaquie et la République Tchèque), selon la Commission européenne.

Une équipe d’experts européens se rendra en Pologne du 4 au 8 février pour évaluer la situation sur place.

La Pologne a immédiatement fermé l’entreprise concernée et le chef des services vétérinaires, Pawel Niemczuk, a déclaré que l’expertise de la viande saisie avait démontré qu’elle ne présentait aucun danger pour la santé des consommateurs.

L’affaire avait été révélée par la chaîne de télévision privée TVN24, dont un journaliste s’est fait embaucher par le petit abattoir dans la région d’Ostrow Mazowiecka, dans le nord-est de la Pologne.

L’enquête journalistique a révélé que des marchands proposaient par petites annonces d’acheter des vaches malades, pour un prix très inférieur à celui des animaux sains, ce qui soulève des questions sur l’usage qui en est fait.

Des images filmées par TVN24 ont révélé que des vaches paraissant très affaiblies étaient abattues de nuit dans l’abattoir en question par quelques employés de confiance, échappant ainsi aux contrôles vétérinaires officiels effectués de jour.

La Commission européenne, alertée par les autorités polonaises, n’a pas exprimé de jugement sur la qualité de la viande suspecte. Elle a rappelé que "la pratique de traîner les animaux incapables de marcher, comme cela est décrit (dans le reportage polonais), est interdite par la législation de l’Union Européenne sur la protection des animaux dans les abattoirs".

Le ministre polonais de l’Agriculture Jan Krzysztof Ardanowski a déclaré vendredi qu’une enquête policière avait été ouverte "sur les propriétaires de l’abattoir et tous ceux qui ont participé à ce procédé".

"Il n’y aura aucune tolérance dans cette affaire", a ajouté le ministre aux journalistes, reconnaissant qu’elle aurait un impact sur l’image des exportations de produits alimentaires polonais.

Interrogé mercredi soir, il avait estimé qu’il s’agissait d’un "incident isolé".

"Nous avons affaire à une pathologie : sur un site, des vaches malades étaient abattues à l’insu et sans le feu vert des vétérinaires", avait-il dit à la chaîne publique TVP Info .

"Le marché polonais est inquiet, sur toute la chaîne", a dit à l’AFP le président de l’Association polonaise de producteurs de bétail à viande PZPBM Jerzy Wierzbicki, et les prix du boeuf "ont baissé d’environ 7% par rapport au début de la semaine".

Il a assuré, à la vue des images, que les vaches abattues n’étaient pas malades mais "contusionnées".

Pour la Pologne les conséquences de l’affaire peuvent être lourdes. Entre 80% et 90% de la production polonaise de viande de boeuf sont exportés, surtout vers l’Union Européenne, mais aussi vers des pays tiers.

En 2018, la totalité des exportations polonaises de boeuf a atteint environ 415.000 tonnes, a indiqué M. Wierzbicki.

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