Plus de 600 scientifiques, s’estimant dénigrés, réclament l’organisation d’un vrai débat sur le climat

Plus de 600 chercheurs en sciences du climat ont officiellement adressé à leurs tutelles, mercredi 7 avril, un courrier de protestation contre le dénigrement public dont ils estiment être l’objet depuis plusieurs mois. Les signataires demandent, en outre, l’organisation d’un débat scientifique sur le climat.

Leur texte vise explicitement les interventions publiques et les derniers ouvrages du géochimiste Claude Allègre (L’Imposture climatique, Plon, 290p., 19,90 euros) et du paléomagnéticien Vincent Courtillot (Nouveau voyage au centre de la Terre, Odile Jacob, 348p., 27 euros), directeur de l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP).

Les signataires reprochent aux deux géologues de ne pas faire passer leurs philippiques par le "filtre standard des publications scientifiques" – c’est-à-dire de ne pas les avoir soumises à l’expertise par les pairs qui prévaut à la production et à la réfutation des faits scientifiques.

Adressé à la ministre de la recherche, Valérie Pécresse, à l’Académie des sciences et aux directions des principaux organismes de recherche français, le texte – rendu public quelques jours plus tôt en raison de fuite sur Internet – a déjà suscité de nombreuses réactions.

Mme Pécresse et le président du CNRS nouvellement nommé, Alain Fuchs, ont réaffirmé leur soutien aux chercheurs en sciences du climat. Saisie par la ministre, l’Académie a annoncé l’organisation d’un débat scientifique en bonne et due forme.

OUVRAGES LITIGIEUX

"Je saisirai (…) le comité d’éthique du CNRS ainsi que le C3N [principale instance du Comité national de la recherche scientifique] sur ce sujet, a déclaré M.Fuchs dans un communiqué. Ces questions complexes doivent être traitées avec sérénité, et sans en rajouter dans la polémique."

Selon nos informations, la direction scientifique de l’Institut national des sciences de l’univers (INSU) a, par ailleurs, annoncé son intention de soumettre les ouvrages litigieux à la lecture critique de scientifiques étrangers.

A leur courrier, les chercheurs signataires ont, de leur côté, annexé deux documents : ces derniers, qui totalisent une centaine de pages, détaillent, selon leurs auteurs, les erreurs factuelles et les affirmations trompeuses présentes dans les ouvrages de MM. Allègre et Courtillot, ainsi que dans les conférences de ce dernier.

Dans le livre de M. Allègre, les signataires pointent plus d’une centaine d’erreurs, de graphiques faux ou tronqués, de citations erronées, etc. Très diffusés sur le Net, les séminaires de M. Courtillot – qui se font fort de traquer les erreurs supposées du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) – sont pour leur part accusés de relayer des résultats invalidés, de présenter des courbes au traitement statistique biaisé, de citer à tort le dernier rapport du GIEC, etc.

Dans un entretien au Figaro, M. Courtillot a estimé être "attaqué de manière profondément fausse et choquante", mettant en avant ses propres publications dans des revues à comité de lecture, en particulier dans Earth and Planetary Science Letters (EPSL) et plus récemment dans Journal of Atmospheric and Solar-Terrestrial Physics (JASTP).

Sollicités, MM. Allègre et Courtillot n’ont pas souhaité répondre aux questions du Monde.

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