Plus de 1,8 million de pèlerins sur le Mont Arafat, moment fort du hajj

Plus de 1,8 million de musulmans se sont rassemblés dimanche sur le Mont Arafat, près de La Mecque, pour l’étape la plus importante du grand pèlerinage en Arabie saoudite, endeuillé l’année dernière par une bousculade meurtrière.

Source AFP

Après le coucher du soleil, les croyants ont commencé à refluer sur la plaine de Mouzdalifa pour se préparer lundi à célébrer l’Aïd Al-Adha, la fête du Sacrifice, et se consacrer au rituel de la lapidation de Satan à Mina.

Tout au long de la journée, les fidèles, tout de blanc vêtus –la couleur de l’"ihram", les deux pièces de tissu que doivent porter les hommes– se sont pressés vers l’imposante mosquée Namira et le Jabal al-Rahma, "le Mont de la Miséricorde" en arabe.

Sous une chaleur brûlante, des camions postés à intervalles réguliers distribuaient des bouteilles d’eau aux pèlerins, qui s’aspergeaient la tête.

Des gens tendaient des draps entre deux bus pour faire de l’ombre. Des ambulances passaient régulièrement, comme des hélicoptères du Croissant-Rouge.

Pour la prière de la mi-journée, des centaines de milliers de fidèles se sont prosternés, femmes et hommes côte à côte, la foule couvrant l’ensemble des larges allées qui séparent les différents campements.

"J’ai l’impression de me tenir exactement en face de Dieu", dit avec émotion Khadem Ndyaye, un Sénégalais de 47 ans, qui effectue son premier grand pèlerinage à La Mecque (hajj).

Quelques heures auparavant, au lever du soleil, pour la première des cinq prières de la journée, ils étaient déjà des milliers accroupis, debout ou escaladant les marches creusées dans la rocaille du mont Arafat, couvert de rochers polis par le vent et le temps.

– ‘Même joie’ –

"C’est le plus beau moment de ma vie", affirme dans un grand sourire Ahmed Salmane, comptable égyptien. "Je me trouve dans le plus bel endroit du monde, celui où plus d’un milliard de musulmans à travers le monde rêvent d’être", poursuit-il, pendant que des dizaines de pèlerins reprennent en choeur les invocations traditionnelles du hajj.

En contrebas, une cohorte de pèlerins continue d’affluer de et vers les campements érigés pour les accueillir après avoir entamé la veille leur pèlerinage dans la vallée voisine de Mina, près de La Mecque.

Chadli Rouissi, Tunisien de 61 ans, accompagné de son épouse, avoue qu’il lui est "difficile de décrire" ses sentiments. Mais, assure cet homme à la barbe blanche, "tout le monde ici partage la même joie, des gens de toutes les couleurs et qui parlent toutes les langues sont tous réunis ici pour la même chose: glorifier Dieu".

Mohammed Arfan, un Indien de 40 ans, dit se sentir comme "choisi par Dieu parce que j’ai pu accomplir le hajj".

– ‘A notre aise’ –

Lundi commence la lapidation de Satan, un moment à haut risque. Symboliquement, les pèlerins doivent jeter sept pierres sur une stèle lors de ce rituel qui avait tourné l’an dernier au cauchemar.

Le 24 septembre 2015, quelque 2.300 pèlerins, dont 464 Iraniens, y avaient péri dans une gigantesque bousculade, la pire tragédie de l’histoire du hajj. Ryad avance le chiffre de 769 morts, et n’a toujours pas annoncé les résultats de son enquête sur le drame, alors que de nombreux gouvernements se sont plaints des problèmes rencontrés pour identifier leurs ressortissants décédés.

Ryad assure avoir pris des mesures cette année, notamment la création d’un bracelet électronique stockant les données personnelles de chaque pèlerin.

"Les Saoudiens organisent tout pour nous, on est vraiment à notre aise", se félicite Youssef al-Mehri, un Omanais de 24 ans, parapluie blanc au-dessus de la tête et tapis de prière orangé sur l’épaule.

Au total, 1.855.406 pèlerins participent cette année au hajj, dont 1.325.372 venus de l’étranger, selon les autorités.

Pour la première fois depuis près de 30 ans, il n’y a pas de contingent venu d’Iran.

En dépit de négociations, l’Iran chiite et l’Arabie sunnite, les deux puissances régionales rivales, ne se sont pas entendues sur les modalités d’envoi d’Iraniens au pèlerinage. Depuis, c’est la guerre des mots entre Ryad et Téhéran, aux rapports déjà tendus.

Dirigeant la prière de midi au mont Arafat, cheikh Abderrahman al-Soudeis, responsable des affaires des Lieux saints musulmans, a souligné que la sécurité "était une ligne rouge à ne pas franchir par des slogans politiques ou confessionnels", une allusion à l’Iran, accusé par Ryad de chercher à politiser le hajj.

Des centaines de milliers d’Iraniens ont convergé ce week-end vers la ville sainte chiite de Kerbala, en Irak, pour y accomplir un pèlerinage de substitution.

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