Placé sur écoutes, Claude Guéant affirmait en 2013 qu’il n’allait « pas balancer »

Lors de conversations avec sa fille, l’ancien ministre insinuait en savoir long sur les uns et les autres : « On n’est pas ministre de l’Intérieur en vain. »

L’ancien ministre de l’Intérieur Claude Guéant, au coeur de plusieurs enquêtes, affirmait en 2013 dans des conversations privées, mais écoutées par la police qu’il ne comptait "pas balancer", a-t-on appris mercredi de source proche du dossier. Il était alors notamment mis en cause dans deux dossiers : celui des primes en liquide touchées Place Beauvau, et celui des accusations de financement par la Libye de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Dans cette enquête, l’ex-ministre a été mis en examen début mars pour "blanchiment de fraude fiscale en bande organisée" et "faux et usage de faux" par des juges s’interrogeant sur la vente de ses tableaux flamands à un avocat malaisien.

"Je sais quelques petits trucs quand même"

C’est dans des conversations téléphoniques avec des proches en 2013 que Claude Guéant, alors placé sur écoutes, affirme plusieurs fois son intention de ne "pas balancer". Le 13 juin 2013, sa fille, Marie-Sophie Charki, s’énerve que Nicolas Sarkozy ne fasse rien pour aider son père. "Il a intérêt à se méfier parce que le jour où tu vas décider de balancer… tu vas voir", lui dit-elle, selon une source proche du dossier qui confirmait une information du Monde. "Oh, bah… je vais pas balancer", lui répond Claude Guéant. Lors de sa garde à vue en mars, Claude Guéant a été interrogé sur ces propos. "Cette réflexion traduit surtout son énervement à ce moment-là, cela ne veut rien dire de plus", a-t-il dit aux enquêteurs en référence à sa fille, selon une autre source proche du dossier. "En tout état de cause, je ne lui ai jamais communiqué d’informations négatives concernant Nicolas Sarkozy", ajoute Claude Guéant.

Dans une autre conversation téléphonique le 11 juin 2013, Claude Guéant rappelle à sa fille qu’il a potentiellement des dossiers sur les uns et les autres. "Parce que je sais quelques petits trucs quand même. (…) On n’est pas ministre de l’Intérieur en vain", lui dit-il. "Ce serait bien qu’un jour tu les balances", lui suggère-t-elle. Quelques heures plus tard, il rejette cette idée dans une autre conversation : "Je dirai peut-être des trucs de façon générale, mais pas… Ben, je vais pas débiner Dupond, Durand, etc." Interrogé en garde à vue sur ces propos, Claude Guéant a expliqué aux enquêteurs que ses déclarations renvoyaient aux "rumeurs" dont il avait pu avoir connaissance dans le cadre de ses fonctions.

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