Philippines: 14 morts dans l’attentat « terroriste » de Davao, ville du président

Au moins 14 personnes ont été tuées dans un attentat à la bombe vendredi sur un marché de Davao, la plus grande ville du sud des Philippines, un acte qualifié de « terroriste » par le président Duterte qui a confié davantage de pouvoirs à l’armée.

M. Duterte, maire de cette ville de deux millions d’habitants pendant près de deux décennies, s’y trouvait ce vendredi mais pas à proximité des lieux de l’attaque, selon son entourage.

L’enquête sera traitée comme "une affaire de terrorisme", a déclaré le chef d’Etat après s’être rendu sur le site de l’attentat, samedi matin. D’après lui, aucun suspect n’a encore été arrêté, mais il a évoqué deux groupes islamistes et des narcotrafiquants comme possibles coupables.

Dans la foulée, le président a décrété l’"Etat de non-droit" sur l’ensemble de l’archipel philippin, ce qui, selon ses conseillers, confère plus de pouvoirs à l’armée pour mener des opérations de maintien de l’ordre normalement dévolues à la police.

L’explosion a eu lieu peu avant 23H00 locales (15H00 GMT) dans un marché animé où les gens dinaient, à proximité d’un hôtel prisé des touristes et des hommes d’affaires, qui n’a pas été touché.

"Nous avons retrouvé des éclats provenant d’un engin explosif improvisé", a déclaré un porte-parole de la présidence, Martin Andanar, à la radio DZMM.

Quant aux auteurs de l’attentat, il a évoqué, comme M. Duterte, la piste de trafiquants de drogue ou d’activistes islamistes, ajoutant: "beaucoup sont en colère contre notre président et notre gouvernement".

"Nous n’excluons pas la possibilité qu’ils puissent être responsables, mais il est trop tôt pour spéculer", a-t-il encore ajouté.

Quatorze personnes ont été tuées et 67 blessées, selon un nouveau bilan fourni par la police.

Près des lieux de l’explosion, des corps étaient mêlés aux débris de tables en plastique et de chaises. "La force de l’explosion était telle que j’ai été arraché du sol", a raconté à l’AFP Adrian Abilanosa, dont le cousin a été tué.

Par le passé, Davao a été le théâtre d’attentats meurtriers commis par des activistes islamistes ou des rebelles communistes.

Davao se situe sur l’île méridionale de Mindanao, où des séparatistes musulmans mènent depuis des décennies une rébellion armée qui a fait plus de 120.000 morts.

Les rebelles communistes, en lutte armée également depuis 1968, sont présents dans les zones rurales près de Davao.

Depuis son arrivée au pouvoir en juin, le président Duterte a lancé des pourparlers de paix avec les communistes. La rébellion et le gouvernement sont convenus la semaine dernière de prolonger indéfiniment la trêve décrétée en vue de ces négociations.

Il a également ouvert ces dernières semaines des discussions de paix avec deux des principaux groupes rebelles musulmans, dont le Front Moro islamique de libération (Milf).

En revanche, il a déclenché une offensive militaire contre le groupe islamiste Abou Sayyaf, créé au début des années 90, qui a fait allégeance à l’organisation Etat islamique.

Quinze soldats ont été tués lundi dans des affrontements avec Abou Sayyaf sur l’île de Jolo, l’un des principaux fief du groupe islamiste, à 900 km de Davao.

D’ailleurs, lorsque les journalistes l’ont interrogé samedi sur les auteurs de l’attentat, M. Duterte a expliqué que les autorités s’attendaient à d’éventuelles actions d’Abou Sayyaf en représailles à cette offensive.

Quant à la piste des trafiquants de drogue, M. Duterte a été élu président sur un programme ultrasécuritaire, s’engageant à mettre fin en six mois au trafic de drogue en faisant abattre des milliers de trafiquants de drogue présumés.

La guerre contre la drogue a déjà fait près de 2.000 morts.

A la tête de la ville jusqu’à son élection, Rodrigo Duterte était parvenu à instaurer une paix relative à Davao, en alliant mesures de sécurité musclées et accords locaux avec les différentes rebellions.

Cependant, en 2003, un bombe de forte puissance avait dévasté l’aéroport de Davao, faisant 22 morts et 155 blessés. L’attentat avait été imputé aux séparatistes musulmans.

(AFP)

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