Parkinson: des chercheurs creusent la piste d’une détection précoce

Saura-t-on un jour détecter dans le cerveau des signes très précoces de Parkinson, pour freiner la maladie avant même qu’elle se développe? Des chercheurs pensent avoir fait un pas dans cette direction, selon une étude publiée jeudi.

Une détection la plus précoce possible est le principal enjeu des recherches sur cette maladie neurodégénérative, la deuxième en terme de fréquence derrière Alzheimer.

Car aujourd’hui, les traitements agissent sur les symptômes (tremblements, troubles moteurs, dérèglement du sommeil…) mais ne guérissent pas la maladie. Celle-ci débute des années avant l’apparition des premiers signes et donc avant le diagnostic.

Parkinson est marquée par la dégénérescence des neurones dopaminergiques, qui produisent la dopamine. Ce neurotransmetteur est essentiel pour contrôler les mouvements du corps.

Mais les travaux publiés jeudi dans la revue Lancet Neurology, suggèrent que les tout premiers stades de la maladie pourraient être liés à une détérioration du système de production de la sérotonine dans le cerveau. Ce neurotransmetteur intervient notamment dans la régulation de l’humeur et du sommeil.

A terme, les chercheurs espèrent ainsi repérer très tôt les individus à risques, susceptibles de développer Parkinson.

"Une détection précoce des changements dans le système de production de la sérotonine pourrait ouvrir la voie au développement de nouvelles thérapies pour freiner, voire prévenir, la progression de Parkinson", assure le Pr Marios Politis, auteur principal de cette étude menée par le King’s College de Londres et financée par la Fondation Lily Safra.

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont examiné quatorze patients porteurs d’une mutation génétique très rare, qui rend quasi-certain le risque de développer Parkinson.

Ces patients ont été recrutés en Grèce, où cette mutation rare a sa source, ainsi qu’en Italie, où elle est arrivée via des migrations.

La moitié de ces patients présentait déjà des symptômes physiques de Parkinson, et l’autre non.

L’étude comprenait aussi 65 malades de Parkinson qui ne portaient pas la fameuse mutation génétique, et 25 participants qui n’étaient pas atteints par la maladie.

Tous ont été soumis à des scanners du cerveau très perfectionnés.

La comparaison de ces données montre que la dégradation du système de production de la sérotonine débute chez les patients atteints de Parkinson bien avant l’apparition des premiers symptômes, et avant que le système de production de la dopamine soit touché à son tour.

Tout en saluant des conclusions "encourageantes", des scientifiques qui ne sont pas impliqués dans l’étude ont souligné qu’elle avait ses limites.

D’abord, le faible nombre de volontaires génétiquement prédisposés à Parkinson. "Des études plus larges pourraient ne pas confirmer ces résultats", selon le Pr Derek Hill, du University College de Londres.

Autre limite soulignée par les auteurs eux-mêmes: le fait que la technique d’imagerie utilisée est très chère et peu répandue, ce qui ne permet pas de la généraliser comme outil de détection.

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