«Oui, j’aime les femmes, et alors ?»

Fin avril, «Libération» déjeunait avec DSK.

«Oui, j’aime les femmes, et alors ?»
C’était le 28 avril. Rendez-vous avait été pris en toute confidentialité avec Dominique Strauss-Kahn dans un restaurant du IIe arrondissement de Paris. Le directeur général du FMI est en France depuis le début de la semaine, et le moindre de ses faits et gestes est épié. Des paparazzis planquent au coin de la rue où Libération doit le retrouver. Cordial, souriant, détendu, DSK, au moment de passer à table, interroge : «Avez-vous vos téléphones portables sur vous ?» Lui-même en a deux. Il explique avoir laissé son appareil personnel dans le vestibule et ne conserve sur lui que «le crypté» fourni par le FMI. Il affirme redouter les mauvais coups de «Guéant», le ministre de l’Intérieur, et se dit sur ses gardes après avoir eu de fortes présomptions d’être surveillé. Simple précaution, de peur que les journalistes que nous sommes enregistrent la conversation à venir, ou véritable crainte d’être écouté par le pouvoir ? Toujours est-il que nous gardons nos portables avec nous.

Sans dire formellement qu’il est candidat à la primaire du PS, le patron du FMI laisse entendre que sa feuille de route est prête. Selon lui, Martine Aubry a renoncé à être candidate et, en vertu du fameux pacte qui les lie pour ne pas s’affronter, le voilà en situation. Très déterminé, il évoque la longue – trop longue à son goût – campagne à venir et les principales difficultés à surmonter pour lui. Il en voit trois, dans cet ordre : «Le fric, les femmes et ma judéité.» Mais, au moment de développer, il commence par les femmes. «Oui, j’aime les femmes… Et alors ? […] Depuis des années on parle de photos de partouzes géantes, mais je n’ai jamais rien vu sortir… Alors qu’ils les montrent !» DSK évoque alors une scène où il se retrouve dans une pissotière avec Nicolas Sarkozy, lors d’un sommet international, et lui demande d’arrêter de le salir sur sa vie privée. Tout à sa volonté de se poser en victime, Strauss-Kahn se met à imaginer «une femme [qu’il aurait] violée dans un parking et à qui on promettrait 500 000 ou un million d’euros pour inventer une telle histoire…» Sur le «fric», il dit que son épouse, Anne Sinclair, l’a «mis à l’abri du besoin pour toujours» avec sa fortune personnelle. Enfin, sur sa «judéité», il s’attend à ce que l’un de ses propos, déjà en boucle sur le Web, soit utilisé contre lui. A Tribune juive, il avait déclaré voilà des années «se lever chaque matin en se demandant comment [il pourrait] être utile à Israël». Une «connerie, assure-t-il, mais je ne l’avais pas démentie sur le coup».

En fin de journée,ce même 28 avril, DSK et Anne Sinclair ont été photographiés à la sortie de leur domicile, place des Vosges à Paris, montant à bord d’une Porsche Panamera S d’un de leurs amis, le communicant Ramzi Khiroun.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite