Nucléaire iranien: les Européens doivent tenir leurs engagements (Rohani à Macron)

Le président iranien Hassan Rohani a averti son homologue français Emmanuel Macron que l’Iran continuera de prendre ses distances avec l’accord nucléaire de 2015 si l’Europe ne respecte pas ses propres engagements, lors d’un entretien téléphonique samedi, a indiqué la présidence iranienne.

Il s’agissait du premier échange entre les deux dirigeants depuis la rencontre le 25 août entre M. Macron et le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif en marge du sommet du G7 à Biarritz (France).

En mai 2018, les Etats-Unis sont sortis de l’accord international conclu à Vienne en 2015 visant à empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, et ont réimposé de lourdes sanctions qui asphyxient l’économie iranienne.

Téhéran a répliqué en s’affranchissant progressivement de certains engagements de l’accord et tente depuis de convaincre les Européens parties à cet accord (France, Grande-Bretagne, Allemagne) de prendre des mesures concrètes pour passer outre aux sanctions américaines, notamment pour exporter son pétrole.

"Si l’Europe est incapable de concrétiser ses engagements, l’Iran fera un troisième pas pour réduire ses engagements aux termes du JCPOA" (l’accord nucléaire de 2015), a déclaré M. Rohani à M. Macron, selon un communiqué de la présidence iranienne.

"(Néanmoins) cette mesure, comme les précédentes, sera réversible", a-t-il ajouté.

L’Iran n’a pas précisé ce que pourrait être cette troisième étape. Mais M. Zarif a indiqué dans une interview récente au journal allemand Süddeutsche Zeitung qu’elle serait franchie le 6 septembre.

Le directeur de cabinet du président, Mahmoud Vaezi, a toutefois indiqué tard samedi que la date de la décision pourrait être avancée: "dans le cas où les demandes de l’Iran ne sont pas satisfaites, un comité qui décide de la troisième étape prendra sa décision (…) deux ou trois jours avant cette date", a-t-il dit selon l’agence officielle Irna.

Selon lui, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, emmènera une délégation économique iranienne en France lundi pour discuter des propositions destinées à sauver l’accord.

– "Paix et sécurité" –

Au cours de la conversation téléphonique avec M. Macron, M. Rohani a rappelé que "l’application totale" de l’accord sur le nucléaire iranien et la "sécurité du transport maritime dans les voies navigables y compris le Golfe et le détroit d’Ormuz" étaient les deux objectifs de l’Iran dans les négociations actuelles.

De son côté, Emmanuel Macron a de nouveau "souligné l’importance de la dynamique en cours pour créer les conditions d’une désescalade par le dialogue", est-il indiqué dans un communiqué de l’Elysée.

Pour la France, "l’important était de vérifier, après le débat au G7 sur l’Iran, que les paramètres de la négociation restent valables et que le président Rohani est toujours disponible pour négocier. Et c’est le cas", assure une source diplomatique française.

Paris estime qu’il faut que d’un côté l’Iran revienne à ses engagements du JCPOA, et d’autre part que Donald Trump fasse un pause dans ses sanctions économiques, par exemple en laissant l’Iran exporter une partie de son pétrole.

Paris a aussi rappelé la nécessité de rétablir "la paix et de la sécurité au Moyen-Orient", selon l’Elysée.

Le président français a appelé l’Iran à "agir pour mettre fin aux combats et ouvrir la négociation au Yémen". Il a réclamé "la plus grande retenue au Liban", alors que montent les tensions ente Israël et le Hezbollah.

Les tensions entre Téhéran et Washington ont elles connu un nouvel accès de fièvre lors d’attaques mystérieuses contre des navires dans la région du Golfe en mai et juin. Un drone a été abattu et des pétroliers saisis, ce qui a fait craindre une escalade incontrôlable.

Une légère décrispation est toutefois apparue à l’occasion du sommet du G7, dont les discussions ont créé, d’après M. Macron, "les conditions d’une rencontre et donc d’un accord" entre M. Rohani et Donald Trump.

Ce dernier n’a pas écarté le principe d’une telle rencontre mais M. Rohani a jeté un froid mardi en soulignant que Washington devait d’abord lever toutes les sanctions contre l’Iran, ce qu’a réitéré son ministre des Affaires étrangères.

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