Nucléaire iranien: l’Iran et les Etats-Unis évoquent des « progrès »

Le chef de la diplomatie américaine John Kerry et son homologue iranien Mohammad Javad Zarif ont évoqué mercredi des « progrès » dans les négociations sur le nucléaire iranien, alimentant l’espoir de parvenir à un accord historique malgré la persistance de divergences.

Les pourparlers doivent s’intensifier jeudi avec les arrivées des ministres français Laurent Fabius et chinois Wang Yi, ainsi que de la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, tandis que le chef de l’AIEA, l’agence atomique des Nations unies, est attendu à Téhéran.

Dans des termes quasiment identiques, MM. Kerry et Zarif, les deux principaux acteurs dans ce dossier, ont assuré mercredi que des "progrès" justifiaient une poursuite des pourparlers au-delà de la date butoir initiale du 30 juin.

"Nous travaillons très, très dur, et nous sommes confrontés à des questions très difficiles, mais nous pensons que nous faisons des progrès et c’est pourquoi nous allons continuer à travailler", a déclaré M. Kerry lors d’un point-presse devant le palais Coburg, où ont lieu les discussions.

"Nous avons fait des progrès et nous continuerons de faire des progrès", a aussi souligné M. Zarif un peu plus tôt.

Signe d’une légère détente, l’Iran a annoncé jeudi avoir récupéré 13 tonnes d’or faisant partie de ses réserves bloquées dans le cadre des sanctions internationales, après un accord conclu en marge des négociations à Vienne.

L’Iran et les puissances du P5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne) se sont donné jusqu’au 7 juillet au moins, pour parvenir à un accord final dans le dossier.

Mais MM. Kerry et Zarif ont tous deux rappelé que les négociations achoppaient toujours sur des points cruciaux.

"Résoudre les différends"

Parallèlement aux efforts diplomatiques déployés dans la capitale autrichienne, Yukiya Amano, le chef de l’AIEA, doit rencontrer jeudi les autorités iraniennes au plus haut niveau, afin d’"accélérer la résolution des questions toujours en suspens".

L’agence onusienne sera en effet un des acteurs clés en cas d’un accord, qui placerait le programme nucléaire iranien sous étroit contrôle international, en échange d’une levée des sanctions.

Dans son rapport mensuel sur la mise en oeuvre par l’Iran de l’accord intérimaire déjà conclu en 2013 avec les grandes puissances, l’AIEA a constaté que Téhéran respectait globalement ses engagements.

"Jusque là les Iraniens remplissent le contrat", a résumé une source diplomatique occidentale.

Mais un important point d’achoppement subsiste entre l’Iran et l’agence: la PMD (possible dimension militaire) du programme nucléaire iranien.

L’AIEA soupçonne Téhéran d’avoir mené des recherches au moins jusqu’en 2003 pour se doter de la bombe atomique –ce que dément l’Iran– et cherche à avoir accès aux scientifiques impliqués ainsi qu’aux documents et sites qui pourraient avoir abrité ces recherches.

Des demandes qui se sont heurtées au non catégorique du Guide suprême, Ali Khamenei. Mais l’Iran "proposera des solutions pour résoudre les différends", a ajouté Isna, citant une source proche des négociations.

Pas d’accord à tout prix

Les pays du P5+1 sont engagés depuis 20 mois dans d’intenses tractations pour arracher un compromis historique sur ce contentieux vieux de plus de dix ans.

Un accord pourrait consacrer le retour de la République islamique chiite sur les scènes régionale et internationale, à la grande inquiétude des régimes sunnites de la région et d’Israël.

Le président américain, Barack Obama, qui a érigé ce dossier en priorité de son action, a toutefois prévenu mercredi soir qu’il refuserait "un mauvais accord".

Personne n’est prêt "à un accord à n’importe quel prix", a répondu jeudi en écho un des principaux négociateurs iraniens, Abbas Araghchi.

Outre l’inspection des sites suspects iraniens, d’autres questions clés restent à régler, comme la durée d’un accord. La communauté internationale veut brider le programme nucléaire iranien pendant au moins dix ans. Mais l’ayatollah Khamenei s’est élevé la semaine dernière contre une limitation trop longue dans le temps des capacités iraniennes.

La levée des sanctions constitue aussi un point capital à régler, Téhéran souhaitant des mesures immédiates quand le P5+1 veut une levée progressive et sous condition de ces sanctions.

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