Nouvelles invectives entre Téhéran et Washington, sanctions « majeures » attendues

Engagés dans un bras de fer découlant du contentieux nucléaire, l’Iran et les Etats-Unis ont échangé de nouvelles invectives dimanche, à la veille d’un renforcement des sanctions américaines contre Téhéran.

Les deux pays ont beau répéter ne pas chercher la guerre, la tension ne cesse de monter avec les déclarations guerrières et la multiplication des incidents, dont des attaques contre des pétroliers d’origine inconnue et la destruction d’un drone américain par l’Iran, dans la région du Golfe, faisant craindre un embrasement.

Dimanche, le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a fait état pour la première fois d’un incident impliquant un drone américain le 26 mai qui, selon une carte qu’il a publiée sur Twitter, serait resté au moins 20 minutes dans l’espace iranien et aurait reçu trois "avertissements".

Avant de s’envoler pour l’Arabie saoudite, rival régional de l’Iran, et les Emirats arabes unis, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a jugé "enfantine" la carte publiée par M. Zarif.

L’annonce iranienne est intervenue trois jours après qu’un missile iranien a abattu un drone de l’US Navy jeudi. Téhéran affirme que ce dernier appareil a violé son espace aérien et Washington assure qu’il a été détruit dans l’espace aérien international.

Après la destruction du drone, M. Trump a parlé d’une "énorme erreur" de l’Iran mais a annulé in extremis des frappes contre des cibles iraniennes.

En visite à Jérusalem, le conseiller à la Sécurité nationale du président américain Donald Trump, John Bolton, a averti l’Iran qu’il "ne devrait confondre prudence et retenue avec de la faiblesse", après le renoncement de M. Trump à frapper.

Le président américain a en revanche autorisé secrètement, selon le Washington Post et Yahoo ! News, des représailles sous forme de cyberattaques contre les systèmes de défense iraniens. Le Pentagone s’est refusé à tout commentaire.

Cyberattaques ?

Les tensions ne cessent de monter depuis le retrait américain en mai 2018 de l’accord international sur le nucléaire iranien suivi du rétablissement de lourdes sanctions américaines contre l’Iran, privant ce pays des bénéfices économiques qu’il escomptait de ce pacte.

Elles se sont intensifiées avec des attaques contre des pétroliers dans la région du Golfe en mai et en juin, imputées par Washington à Téhéran qui a démenti.

Samedi, Donald Trump a promis pour lundi de nouvelles mesures de rétorsion contre l’Iran. "Nous mettons en place des sanctions supplémentaires majeures contre l’Iran lundi", a-t-il tweeté. "L’Iran ne peut pas avoir d’armes nucléaires !".

L’Iran a toujours nié vouloir se doter de l’arme atomique, mais M. Trump l’accuse de chercher secrètement à en fabriquer et de "déstabiliser" la région.

Selon des sources diplomatiques, Washington a demandé la tenue le même jour d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité de l’ONU.

Téhéran n’a pas encore réagi aux informations sur les cyberattaques qui, selon le Washington Post, avaient été initialement proposées par l’état-major comme riposte aux attaques ayant ciblé le 13 juin deux pétroliers près du détroit d’Ormuz, un point de passage stratégique pour le commerce mondial de pétrole et au coeur des tensions régionales depuis des décennies.

Washington a accusé l’Iran qui a nié toute implication dans ces attaques et dans le sabotage de quatre navires le 12 mai à l’entrée du Golfe.

"Coalition mondiale"

Depuis mai, les Etats-Unis ont renforcé leur dispositif militaire au Moyen-Orient, en arguant de "menaces iraniennes" contre des cibles américaines. Et de nouvelles frictions sont à prévoir avec l’annonce par l’Iran que ses réserves d’uranium enrichi dépasseront à partir du 27 juin la limite prévue par l’accord nucléaire censé limiter les activités sensibles de l’Iran.

Jusqu’ici, l’Iran avait respecté l’accord, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique.

Alors que les Etats-Unis alternent déclarations martiales et appels au dialogue, l’émissaire américain pour l’Iran, Brian Hook, a exhorté "tous les pays à convaincre l’Iran de désamorcer la tension". Et de répéter: "les Etats-Unis n’ont aucun intérêt à une confrontation militaire avec l’Iran".

En Arabie saoudite et aux Emirats, deux "grands alliés" des Etats-Unis, le secrétaire d’Etat américain a dit qu’il allait "parler de la manière de nous assurer que nous sommes tous sur la même ligne ainsi que de la manière de mettre en place une coalition mondiale" sur l’Iran.

Dans ce contexte de vives tensions, un ancien conseiller militaire américain, Mike Mullen, a averti que "les choses deviennent incontrôlables". "La dernière chose au monde dont nous ayons besoin, c’est d’une guerre avec l’Iran".

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