Cocus, trahis, déçus… Mathieu Guidère se range évidemment parmi ces démocrates et républicains qui ont cru à un printemps progressiste et libertaire et ne comprennent toujours pas comment la religion a pu ainsi s’imposer dans les urnes. Pour cerner cet état d’esprit, l’auteur n’hésite pas à revenir sur les éléments historiques qui ont vu naître les nations arabes et, plus près de nous, les événements qui ont fait éclater les révolutions de 2011.
Mais le récit n’est pas une suite de lamentations. C’est aussi une chronique pleine de vie grâce à l’enthousiasme que l’auteur laisse transparaître dans son voyage, notamment à travers la musique qui l’accompagne en tout lieu. Il évoque ainsi les plus grands chanteurs arabes et fait partager son plaisir à l’écoute de ces mélodies nostalgiques et plaintives. Les dialogues tirés des différentes discussions avec ses interlocuteurs ponctuent le récit. Du chauffeur libyen à l’universitaire égyptien, ces rencontres sérieuses ou cocasses dressent un portrait intimiste d’une culture qui interpelle nos certitudes occidentales.